— Sans présenter ici une histoire de la réflexion chrétienne sur le temps, ni analyser avec précision certains aspects de la temporalité dont traitent d'autres articles de ce Dictionnaire, nous nous limiterons à faire apparaître dans l'expérience des chrétiens cette étonnante réalité, banale et simple mais pourtant énigmatique, que l'on appelle le temps. Projet délicat, si l'on en croit le mot fameux d'Augustin : « Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me pose la question, je sais. Si quelqu'un pose la question et que je veuille l'expliquer, je ne sais plus » (Confessions XI, 14, 17). On voudrait montrer, tout d'abord, que le temps chrétien est une durée originale par rapport au temps commun. Cela conduira à examiner ce qu'est ce temps de tous, étant donné que le temps chrétien entend le moduler sans pour autant rompre avec lui. Il sera alors utile de préciser comment se structure l'expérience chrétienne en l'occurrence. Enfin on se demandera comment le christianisme cherche à poser un certain nombre de questions que suscite inévitablement la pratique des disciples du Christ. 1. Singularité du temps chrétien. — 2. Le temps commun de la vie humaine. — 3. Structuration chrétienne du temps. — 4. Enjeux actuels de la temporalité.

1. Singularité du temps chrétien.

— Un fait peut nous servir de point de départ : le temps fait partie de ces réalités qui, selon les chrétiens, se trouvent requalifiées par l'Évangile et la foi évangélique. Être chrétien, c'est expérimenter le temps d'une manière originale.

1° LA NOUVEAUTÉ ÉVANGÉLIQUE.

— L'originalité chrétienne, pour qui en fait l'expérience, se présente dans le langage paulinien comme une nouveauté (Rom. 7, 6). Paul parle de vie nouvelle (Rom. 6, 4), de renouvellement (Rom. 12, 2 ; Col. 3, 10), d'être nouveau (2 Cor. 5, 17). L'Évangile avait déjà esquissé cette perspective. La prédication de Jésus était perçue comme un « enseignement nouveau » (Marc 1, 27) ou comme un « vin nouveau » que de vieilles outres ne...

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