— Claude Texier, né à La Rochelle le 20 mars 1611, entra dans la Compagnie de Jésus le 30 janvier 1628, et il y remplit des fonctions importantes : recteur à Limoges et à Poitiers, préposé (1672-1678) des maisons professes de Toulouse et Bordeaux, enfin provincial d'Aquitaine (1680-1683). Ces charges ne l'empêchèrent pas de poursuivre durant trente ans une féconde carrière de prédicateur. Déjà lié à « Mgr Fénelon, évêque de Sarlat » (selon la dédicace de sa Conduite spirituelle), il semble bien que c'est sous l'influence de son brillant neveu, le futur archevêque de Cambrai, que Texier fut mis à la tête de la mission de Marennes en 1686. Mais il décéda bientôt à Bordeaux, le 24 avril 1687. Ses sermons — pendant les avents, carêmes, octaves du Saint-Sacrement, et à tous les dimanches de l'année, outre de nombreux panégyriques de saints — forment un ensemble de près de 3 000 pages, qu'il publia de 1673 à 1680. Un certain nombre furent traduits en latin, allemand ou italien ; au 19e siècle, recueillis en 9 volumes, ils furent trois fois réédités (Œuvres complètes, 1845 à Avignon ; 1847 et 1863, à Lyon) ; Migne les a insérées dans les tomes 6 et 7 de ses Orateurs sacrés (1844). Texier a surtout prêché en province. On ne sait sur quelles preuves Migne (t. 6, p. 747) affirme qu'il aurait prêché le carême de 1661 devant Louis XIV. Il évite les pensées subtiles et les mots précieux. Mais sa manière semble aujourd'hui bien trop didactique, multipliant les subdivisions et les citations, même latines, de l'Écriture et des Pères. S'il aborde des sujets étranges comme « L'impie maudit et converti dans l'enfer » — mais nullement sauvé car ses repentirs viennent trop tard — (19e sermon sur L'impie malheureux), par contre il traite aussi des sujets qui restent actuels, comme « Il faut renoncer à sa liberté pour être véritablement libres » (4e et 5e sermons pour l'octave de la Croix). Il sait faire preuve de courage apostolique, notamment contre les mariages uniquement motivés par l'argent (2e dimanche après les Rois), et il ne craint pas de fustiger les pécheurs : « La vertu est méprisée en ce monde… Un...

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