I. Le théâtre et le spirituel. — II. En France. — III. Le théâtre au collège. — IV. En Espagne.

I. LE THÉÂTRE ET LE SPIRITUEL

Il n'est pas prouvé que, dans tous les cas, le théâtre soit dérivé des liturgies sacrées, mais, même passée dans le domaine profane, la représentation théâtrale leur reste fondamentalement comparable, au moins par la participation de tous à une action « jouée » symboliquement, dans l'évidence d'une conviction commune. Dans quelle mesure cette expérience commune autour de la scène théâtrale peut-elle être analysée comme spirituellement significative ? Le théâtre a gardé longtemps un contenu directement religieux, reprenant de siècle en siècle des thèmes empruntés à l'Écriture ou à l'histoire chrétienne : théâtre populaire, des autos sacramentales aux Passions que jouent encore tels villages autrichiens ou bavarois, ou bien théâtre littéraire, de Polyeucte à Meurtre dans la cathédrale et des oratorios de Haendel à ceux de Messiaen. Quelques-uns des meilleurs exemples de ce théâtre religieux seront analysés plus loin. Dans l'ensemble, cependant, le théâtre a pris la forme d'une institution profane, passant des « célébrations » à des « représentations », dans lesquelles la 329 participation du public s'est souvent bien amenuisée. L'expérience vécue par tous est devenue un « spectacle », dans lequel, même quand il « passe la rampe », la participation personnelle des spectateurs est bien difficile à évaluer, autant que leur unanimité ! La tragédie grecque, les Mystères étaient le langage d'une conviction commune : faute d'une telle conviction, le théâtre moderne doit recourir à tous les moyens pour « convaincre » le spectateur et « solliciter la libre convergence d'esprits éclairés » (H. Gouhier, L'essence du théâtre, p. 94). En outre, depuis le 19e siècle surtout, le drame en vers a peu à peu disparu, signe que les auteurs et le public préfèrent désormais à toute stylisation symbolique une image « réaliste », voire prosaïque, et une explication psychologique de l'existence ou...

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