— 1. Les trois « âges » de la tiédeur. — 2. Tiédeur et vie spirituelle.

1. Les trois « âges » de la tiédeur.

— Trois éléments caractérisent la tiédeur, son évolution et son contenu ; trois étapes qui ne suivent pas strictement l'ordre chronologique, chacune interférant sur les deux autres, mais qui, parce que l'histoire a privilégié tantôt l'une, tantôt l'autre, peuvent être distinguées. A la chronologie s'intègre ainsi une thématique.

1° L'« ÂGE » MONASTIQUE.

— Si, comme il est vraisemblable, la tiédeur s'enracine dans la notion monastique de l'acedia (DS, t. 1, col. 166-69), aussitôt considérée comme vice capital (DS, t. 12, col. 853-62), elle hérite d'une histoire qui n'est pas la sienne propre, où elle s'inscrit, dont elle subit le poids, qu'à son tour elle 918 infléchit et amplifie. Les premiers repères sont, en tout cas, identiques. 1) Évagre † 391, sous l'influence probable d'Origène qui situe l'acedia entre le sommeil et la lâcheté (Homélies sur Luc 29, SC 87, p. 502-03), en fournit une analyse dans le Traité Pratique (SC 171, p. 520-27) : ennui, torpeur, paresse, dégoût, découragement, elle est « un état d'âme sui generis » (p. 521) qui guette l'anachorète, le « démon de midi » du Ps. 90, 6. C'est l'atonia psychès (animae languor) de l'akèdiastès monachos (piger, segnis monachus) du De octo spiritibus malitiae (PG 79, 1137), transmis sous le nom de Nil d'Ancyre. De ses composantes, les Pères grecs retiennent surtout la paresse : une inertie intellectuelle, selon Grégoire de Nazianze (Poèmes moraux 34, 70, PG 37, 950). Jean Climaque (575-650) y voit le péché du moine, qui paralyse, énerve la vie de prière et mortem affert generalem (Scala Paradisi, gradus 13, PG 88, 860) ; Jean Damascène († vers 750) la décrit, selon une étymologie douteuse (a privatif et kèdes, soin), comme une incurie, et, parlant d'oknos (pigritia), maintient le...

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