— José Torras y Bages naquit à Les Cabanyes, province de Penedes (Barcelone), le 12 septembre 1846. Il poursuivit une brillante carrière, ayant pour maîtres les figures les plus accréditées de l'époque en Catalogne : Coll y Vehí, en littérature ; Milá y Fontanals, Antonio Bergés de las Casas en philologie. Il fut initié à la philosophie par Francisco Xavier Llorens y Barba, originaire comme lui de Penedes, à travers lequel on peut établir sa filiation avec Ramón Martí Eixalá, pionnier de l'école écossaise en Espagne à travers de Th. Jouffroy. Sa formation se résume dans sa rencontre avec les ferments culturels qui rendirent possible la « renaissance catalane » : le « Volkgeist », affirmé par Llorens y Barba suivant l'inspiration de J.G. Herder, et la publication par B.C. Aribau de son 1056 Oda a la patria (1833). Torras y Bages fut le contemporain de deux hautes figures de cette renaissance (« Renaxençe »), Jacinto Verdaguer (1845) et Angel Guimerá (1847). Le véritable sens de la tradition et de la culture catalanes est représenté par Torras y Bages parce qu'il y insère la tradition chrétienne. Sa pensée et son talent sont marqués par un équilibre et une modération qui neutralisent l'idéal extrémiste du nationalisme par sa vision religieuse ouverte et universaliste. Pour lui, la culture catalane — la Tradiciò catalana — est l'histoire du christianisme en Catalogne. Torras y Bages fut ordonné prêtre en 1871 ; il poursuivit ses études ecclésiastiques à Barcelone et Valence et obtint divers titres : docteur in utroque jure, et licence en théologie. Sa vie active présente deux étapes bien définies : la première, c'est son ministère sacerdotal, surtout comme écrivain et journaliste, de 1875 jusqu'à sa consécration épiscopale en 1899 ; la seconde, depuis cette date jusqu'à sa mort en 1916, c'est-à-dire tout son épiscopat. Torras y Bages, figure exceptionnelle de la fin du siècle en Catalogne et en Espagne, fut par-dessus tout un infatigable ouvrier de la plume. Son oeuvre littéraire fut rassemblée en une édition complète posthume de vingt-quatre volumes (1935-1954). Grâce à sa position sans équivoque pour la défense de l'Église, il fut nommé, par un gouvernement modéré, évêque de Vich, en 1899, siège qu'il...

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