— L'expérience mystique a été souvent comparée, en raison de son caractère de connaissance immédiate et non abstractive, à la perception sensorielle externe et aux diverses modalités qui lui sont propres. On en est ainsi venu à l'élaboration de toute une théorie des « sens spirituels » de l'âme. Voir DS, t. 15, col. 598-617. Le goût spirituel a déjà fait la matière d'un article particulier (t. 6, col. 626-44). Pour la vue, cf. l'art. Oculus (t. 11, col. 591-601). Il s'agit maintenant du toucher et des notions avoisinantes. Dans le langage courant, le toucher est celui des cinq sens traditionnels par le moyen duquel on entre en contact direct avec les objets. On disait autrefois le sens du « tact ». Une « touche » est l'action de toucher, mais sous la forme généralement d'un coup léger, d'un rapide contact. Car « toucher » n'est pas seulement un substantif, mais aussi et primordialement un verbe, qui désigne l'exercice du sens tactile. On dira « palper » et « palpation » lorsqu'on touche en tâtant pour reconnaître, examiner ou apprécier. Le goût et le toucher sont du reste parfois associés dans la littérature spirituelle, la perception des saveurs par le goût impliquant une certaine sorte de contact : on ne savoure que ce que l'on touche par l'entremise des organes appropriés, et le goût n'est une expérience immédiate que parce qu'il est un toucher. Mais ces termes peuvent être employés par des auteurs qui ne se réfèrent pas, au moins explicitement, à une doctrine systématisée des sens spirituels. C'est un langage dont l'expressivité vaut par elle-même.

1. LA PHILOSOPHIE ANTIQUE.

— Platon, pour exprimer l'acte de l'âme qui atteint, non l'apparence, mais l'être véritable et s'unit à lui par l'intelligence, fait choix de verbes qui indiquent le contact, le toucher, hapsasthai, ephaptesthai (République VI, 490b). Dans le néo-platonisme, ce type de vocable revêtira une tonalité mystique. Selon Plotin † 270, une note caractéristique de l'acte contemplatif est d'impliquer la présence immédiate de son objet transcendant (Ennéades, coll. Budé, VI, 7, 34, 14 ; VI, 9, 4, 3)....

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