— I. La tradition dans l'Église. — II. Traditions spirituelles.

I. LA TRADITION DANS L'ÉGLISE

Depuis la seconde guerre mondiale, l'idée de Tradition a connu un renouveau d'intérêt indéniable. Les études, à la fois historiques et spéculatives, ont principalement porté sur le rapport entre Écriture et Tradition, point de division depuis la Réforme entre catholiques romains et confessions évangéliques diverses. Ces études ont conduit à des résultats nettement positifs : de nombreux malentendus ont été dissipés, les positions se sont singulièrement rapprochées, au point que les conclusions du Comité Foi et 1109 Constitution de Montréal (juillet 1963) convergent pour l'essentiel avec l'enseignement de Vatican II (Constitution Dei Verbum = DV, novembre 1965). Il ne peut être question de reprendre ici le problème dans son ensemble (voir, par exemple, les ouvrages de O. Cullmann, H. Holstein et Y. Congar). Nous croyons devoir insister sur deux grands moments : le premier, près des origines chrétiennes, est représenté par Irénée de Lyon ; le dernier, en notre temps, se situe autour de Vatican II. Entre les deux il suffira de signaler quelques points de repère. La terminologie de la question apparaît déjà dans les écoles judaïques : le maître transmet (hébreu masar, grec paradidonai, latin tradere) un enseignement que le disciple reçoit (hébr. qibbel ; araméen qabbala ; paralambanein, recipere) et qu'il devra garder (gr. tèrein, katechein ; lat. servare, conservare) ; cf. O. Cullmann, La tradition, p. 15. Ces termes se retrouvent dans les épîtres pauliniennes (1 Thess. 2, 13 ; Gal 1, 11-12 ; 1 Cor. 15, 14 ; 11, 23-26 à propos du Repas du Seigneur). Les évangiles synoptiques, par contre, ne parlent que des « traditions » pharisaïques (Mt. 15,1-9 ; Marc 7, 1-13), traditions humaines qui peuvent trahir les préceptes divins (cf. Col. 2, 8 : tradition humaine d'une « philosophie selon...

[...]