— G. Morin a tiré de l'oubli ce moine auquel il restitue trois lettres significatives. Walter, ou Gauthier, fut tout d'abord moine à l'abbaye d'Honnecourt (dioc. de Cambrai). Il y apparaît vers 1080 comme écolâtre de l'école claustrale. Ne réussissant pas à vivre en harmonie avec ses confrères, il quitte ce cloître, l'âme profondément blessée, et erre quelque temps. Une rencontre avec l'abbé Hugues de Cluny (1049-1109), qui pendant son long abbatiat s'occupa aussi de l'abbaye de Vézelay, le dirige vers ce monastère. Il s'y stabilisera malgré les invitations pressantes de ses confrères de Honnecourt à revenir en son monastère de profession. C'est de cette période que datent les trois lettres qui lui sont attribuées. Dans une première lettre Walter justifie son départ auprès de ses anciens confrères, en s'appuyant sur le chapitre 61 de la Règle de saint Benoît (de monachis peregrinis) qu'il interprète, il est vrai, d'une manière assez large. La seconde lettre est adressée à Roscelin, chanoine de Compiègne et chef des Nominalistes, qui commençait à propager des comparaisons et des termes jusqu'alors inusités en parlant du mystère de la Trinité. Walter le prie de bien vouloir citer ses sources. Une dernière lettre concerne un jeune religieux qui hésitait à se faire ordonner par un prêtre simoniaque. Walter lui avance un nombre considérable d'autorités comme les Morales et Homélies de saint Grégoire, Bède le Vénérable, saint Augustin, saint Léon, Isidore de Séville, pour qui les simoniaques ne sont pas nécessairement des hérétiques. Faire dépendre l'effet des sacrements de la sainteté du ministre lui apparaît en opposition avec l'enseignement de la tradition. Il faut à leur égard appliquer le précepte de l'Évangile : respecter leur autorité, tout en se gardant d'imiter leurs méfaits. Cette lettre témoigne néanmoins d'une tolérance peu commune en cette matière parmi les gens d'Église au 11e siècle. D'après ses lettres Walter apparaît comme un moine au caractère tranché, à l'intelligence vive, aimant citer les Écritures et les Pères de l'Église. Il y fait aussi l'éloge des prérogatives du sanctuaire de Vézelay qui honorait les restes de Lazare, Marthe et...

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