— Laurent Wartenberger naquit à Magdebourg en 1591 dans une famille protestante. On ignore tout des circonstances de sa conversion, car on le retrouve seulement 25 ans plus tard à Rome étudiant au Collège Germanique, où il obtint brillamment un double doctorat en théologie et en droits civil et canonique. Ordonné prêtre en cette même année 1616, il rentra dans sa Basse-Saxe natale pour occuper une stalle de chanoine du chapitre cathédral d'Halberstadt, étrange corps ecclésiastique issu de l'Intérim d'Augsbourg où, sous un prince-évêque luthérien, dix chanoines protestants et vingt catholiques étaient chargés de louer Dieu. Il s'y lia intimement au prévôt du chapitre, le comte Anselme-Casimir Walbold von Umstadt, futur archevêque-électeur de Mayence (1629-1647). Mais dès 1618 éclatait la guerre de Trente Ans et le prince-évêque d'Halberstadt, Christian « le Fou » de Brunswick-Wolfenbüttel se révélait immédiatement comme un des chefs protestants les plus fanatiques. C'est probablement alors que Wartenberger exécuta ses grands voyages dans tous les pays d'Europe occidentale et jusqu'en Égypte. A Halberstadt, en 1627, l'élection d'un évêque catholique, l'archiduc Léopold-Guillaume, ouvrit des espoirs, aussitôt balayés par l'invasion suédoise. Wartenberger se réfugia auprès de son ami l'électeur de Mayence, qui lui-même allait être victime en 1644 de l'invasion française. Mais depuis 1643 Wartenberger avait pris l'habit à la chartreuse autrichienne de Gaming, où il fit profession le 10 août 1644. Malgré sa répugnance pour les charges, il allait être obligé d'en gérer pendant 9 ans, dans une Allemagne ruinée par la guerre. Aussi, malgré ses essais dans quatre chartreuses successives, ne réussit-il pas à relever des situations très critiques. Nommé d'abord en 1648 prieur de Hradin ou Walditz en Bohême, il trouvait une maison en construction, bien compromise par la disparition tragique de son fondateur Waldstein. Dès 1650, il permutait avec le prieur de la chartreuse d'Erfurt, où il avait à panser les plaies de l'occupation française. En 1652 probablement, il passa au priorat de la maison de 1329 Schnals dans une haute vallée du Trentin, unique chartreuse allemande non touchée par la guerre, mais en proie à une grave crise de recrutement. Dès 1654 il revenait en...

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