— Le mot goût désigne, dans son acception propre, le sens externe grâce auquel est perçue une catégorie particulière de sensations dont l'objet est la saveur des aliments, puis, par 627 extension, cette saveur elle-même, enfin l'envie, l'appétence, la préférence qui en résulte. Goûter, c'est apprécier, au moyen du sens du goût, les choses sapides. Mais le langage courant se sert aussi de ce mot, soit par analogie, soit par métaphore, pour signifier ce qui ne relève pas directement de la sensation corporelle comme telle. Ainsi on appellera goût la faculté psychique de sentir et de discerner ce que vaut une oeuvre littéraire ou artistique, ce qui convient dans le domaine des relations humaines, l'impression, la satisfaction que fait éprouver une chose quelconque, l'inclination que l'on a pour elle, l'empressement avec lequel on s'y porte. Au figuré, goûter voudra dire : savourer avec le sentiment raisonné du plaisir que l'on ressent, trouver bon, agréable, aimer. Une transposition similaire, d'ailleurs toute naturelle, car l'homme utilise spontanément les données de l'expérience sensible pour exprimer les réalités de l'esprit, se retrouve dans le vocabulaire de la spiritualité chrétienne, où il n'est pas rare de rencontrer, du moins chez certains auteurs, les termes goûter et goût pris avec une signification purement spirituelle. Cet usage est d'autant plus compréhensible qu'il est accrédité par l'Écriture elle-même, qui a recours en différents endroits à l'image du goût pour désigner une certaine expérience intime, profonde, personnelle des choses religieuses. L'ancien Testament déclare plus douce que le miel la Parole de Dieu, sa loi (Ps. 19, 11 ; 119, 103 ; Éz. 3, 3), la connaissance de sa sagesse (Prov. 24, 13 ; Eccli. 24, 20), la fidélité à ses commandements (Eccli. 23, 27). Le Seigneur nourrit les siens d'un pain capable de procurer toutes les délices et de satisfaire tous les goûts : il révèle ainsi sa douceur (Sag. 16, 20-21). Lui-même est comme un...

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