— La plus grande obscurité entoure la vie et l'oeuvre du récollet Zacharie de Vitré. Son recueil de sonnets mystiques « Essays de meditations poëtiques sur la Passion, Mort et Resurection de Nostre Seigneur Iesus Christ », publié à Paris en 1659 chez François Muguet, connaît une seconde édition l'année suivante à Lyon. Sans en avoir la moindre preuve, J.D. Hubert affirme que les deux éditions sont identiques et formule l'hypothèse d'une reprise des invendus parisiens par Alexandre Fumeux, l'éditeur lyonnais, qui avait également publié Martial de Brives. De cet ouvrage « rare et curieux » (R. Toinet), on ne possède que deux exemplaires : l'un, de la première édition, à la Bibliothèque de l'Arsenal à Paris, l'autre, de la seconde, à la Library of Congress à Washington. L'identité du F.Z.D.V. (c'est ainsi qu'il signe son oeuvre) reste mystérieuse. Les Approbations qui terminent le volume le présentent comme Prédicateur et Théologien de l'ordre récollet et signalent par ailleurs son séjour à Lyon en 1656. Selon l'hypothèse suggérée par Damien Vorreux, il pourrait s'agir du P. Zacharie Moreau, que Hyacinthe Le Febvre, dans son Histoire chronologique de la province des Récollets de Paris (Paris, 1677), dit avoir été gardien de Paris en 1657, puis de Montargis de 1660 à 1662, et supérieur régulier du monastère des Clarisses de Nantes à une date indéterminée (p. 68, 72 et 151). 1. L'herméneutique spirituelle des Essays : Zacharie est, avec Jean de La Ceppède, Lazare de Selve, Laurent Drelincourt, de ces poètes baroques qui font briller de ses derniers feux l'exégèse spirituelle, à une époque où commence à s'imposer une lecture historique et critique du texte sacré. C'est essentiellement au sens spirituel, christologique qu'il s'intéresse sans pour autant délaisser le sens moral. Les Essays sont une lecture attentive du récit de la Passion qui prend en compte le moindre détail ; lequel est tenu à priori comme significatif du mystère. Un tel postulat écarte donc de l'esprit du lecteur l'hypothèse d'une illusion, d'un leurre dont le réel serait la mise en scène trompeuse. S'il est pleinement accordé à l'esthétique du baroque, Zacharie l'est peut-être moins à...

[...]