— Dans l'esprit de beaucoup, la notion de livre d'Heures évoque surtout de précieux manuscrits de la fin du moyen âge, tels que les riches Heures du duc de Berry, les Heures d'Anne de Bretagne, etc, ou bien de belles impressions sur vélin ornées de gravures sur bois, comme celles qui sortirent de l'atelier d'Antoine Vérard ou qui étaient vendues dans la boutique de Simon Vostre, mais peu de personnes ont conscience de l'évolution historique 411 de ce type d'ouvrage, de son contenu spirituel, de sa diffusion extraordinaire. Cela n'est pas étonnant, car les recherches sur les Heures se sont généralement limitées à l'étude artistique de quelques beaux exemplaires et ne permettent guère de les connaître que d'une façon très partielle et sous un aspect tout à fait extérieur. Nous savons peu de chose sur leur contenu, et l'introduction de l'ouvrage de Victor Leroquais reste encore la meilleure approche que l'on puisse en avoir ; nous soupçonnons mal l'intensité de la diffusion des livres d'Heures au 16e siècle et les traces que cette intensité a laissées dans la mémoire collective des siècles suivants ; nous ignorons enfin à peu près tout de leur usage, nous ne voyons pas les Heures dans les mains des fidèles. Devant l'insuffisance des sources, cet article ne pourra évoquer qu'une partie des problèmes posés par l'histoire, le contenu et la diffusion des Heures. Nos ancêtres ne parlaient pas de « livres d'Heures », mais disaient seulement « les Heures » ; on les trouve désignées sous le terme de Horae en latin, Horarien ou Geteyden en néerlandais, Stundenbücher en allemand, Primers ou Books of Hours en anglais, libri d'ore en italien. Notons encore que le mot n'est jamais employé au singulier ; chaque recueil, chaque exemplaire s'appelait « les Heures », voire même « unes Heures ». 1. Les Heures au moyen âge. — 2. L'apogée des Heures au 16e siècle. — 3. Survie et postérité des Heures.

1. LES HEURES AU MOYEN AGE

1° ORIGINES.

— Les Heures sont...

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