— Les pages qui suivent ne veulent offrir ni un sommaire des divergences séparant l'Église grecque de la tradition latine, ni une synthèse personnelle utilisant à son gré les matériaux anciens, ni même une présentation moderne de ce qui constitue le message permanent de l'orthodoxie, mais un essai d'ensemble cherchant à organiser, objectivement et selon leur optique propre, les richesses, les diversités, les constantes d'un héritage spirituel qui a eu le grec comme moyen d'expression et a réussi, malgré les bouleversements de l'histoire, à conserver sa cohérence et sa vitalité. Peut-être le lecteur latin s'y découvrira-t-il plus proche qu'il ne croyait de ses frères d'Orient. On trouvera les compléments historiques indispensables dans les ouvrages suivants : M. Viller et K. Rahner, Aszese und Mystik in der Väterzeit, Fribourg-en-Brisgau, 1939. — B. Tatakis, La philosophie byzantine [= É. Bréhier, Histoire de la philosophie, 2e fasc. suppl.], Paris, 1949. — H. G. Beck, Kirche und theologische Literatur im byzantinischen Reich, Munich, 1959. — L. Bouyer, La spiritualité du nouveau Testament et des Pères, Paris, 1960, et J. Leclercq-F. Vandenbroucke-L. Bouyer, La spiritualité du moyen âge, Paris, 1961. Introduction. — 1. La vocation de l'homme. — 2. Les conditions de la vie spirituelle. — 3. Les voies de la charité. — Conclusion.

INTRODUCTION : SALUT ET PERFECTION

La théologie spirituelle des Pères grecs est une sotériologie, et c'est en termes de salut (σωτηρία) que les grands docteurs de l'Église, les textes liturgiques, la littérature monastique traduisent de préférence le mystère de la vie chrétienne : sa nouveauté radicale, l'unité de son principe et de son but, sa gratuité souveraine et la cohérence de son déploiement, son dynamisme et ses exigences, ses dimensions personnelles et sa portée cosmique, sa réalité à la fois provisoire et définitive. Ils reflètent pleinement là, et dans son expression inspirée, le donné de foi qui forme la substance de la Bonne Nouvelle et de la prédication des 809 apôtres (vg

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