— Apparemment on ne voit guère l'intérêt de s'arrêter au vocabulaire du jardin. Pourtant les auteurs spirituels ont publié de nombreux ouvrages avec ce titre ou sur ce thème. Pourquoi ? La raison majeure est à chercher dans l'Écriture, et dans ses commentateurs. Le jardin a toujours fait partie du paysage idéal décrit par les poètes (E.R. Curtius, La littérature européenne et le moyen âge latin, trad. J. Bréjoux, Paris, 1956, p. 228-247). Homère décrit les jardins d'Alkinoos comme un séjour enchanteur (Odyssée 7, 112-132). Virgile traite spécialement des jardins en y joignant le charmant épisode du vieillard de Tarente qui trouvait tout son bonheur dans son jardin (Géorgiques IV, 116-148). Ovide évoque les jardins de Flore (Fastes V, 208-210). On donnait sous l'empire romain aux enclos funéraires agrémentés de plantations le nom de « képotaphes » (tombeaux-jardins) ; ils avaient pour but de récréer les ombres des morts. Ces jardins dédiés aux dieux mânes, puis aux âmes héroïsées, devinrent la figure terrestre du séjour des bienheureux dans l'Hadès (F. Cumont, Lux perpetua, Paris, 1949, p. 43-44). Dans les textes sacrés des religions anciennes, des récits fondamentaux ont pour cadre des jardins, des « Paradis », qui demeurent dans la mémoire des peuples d'un symbolisme profond. Nous ne nous y arrêterons pas. Notre visée est beaucoup plus modeste. De nombreux thèmes bibliques s'apparentent à celui du jardin, nous n'avons pas davantage à les traiter ici : la comparaison entre l'arbre du Paradis et l'arbre de la Croix (lignum), l'allégorie de la vigne, à laquelle il faudra nécessairement revenir, les symboles des arbres et des fleurs, ou « la culture de l'âme », que développe déjà Philon et sur quoi les Pères insistent à plaisir, enfin Dieu-agricola, d'après Jean 15, 1, et les chrétiens « champ » (agricultura) de Dieu (1 Cor. 3, 9). Seul le thème du jardin dans l'Écriture et dans la littérature chrétienne nous retiendra. 1. Écriture. — 2. Commentateurs. — 3. Littérature des « jardins spirituels ».

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