— On ne connaît pas de détails sur la vie de Hugues. Peut-être faisait-il partie de la colonie de pionniers qui, en 1138, fut envoyée du Landais pour peupler la fondation de Barzelle (dans le diocèse de Bourges comme sa maison-mère), car c'est à lui que Renaud le Bigre fit don des terres dotant ce monastère. Mais il n'en fut pas abbé, contrairement à ce qu'affirme l'inscription qui se trouve dans certains manuscrits de son oeuvre. Hugues est en effet l'auteur très probable d'un opuscule intitulé De cohabitatione fratrum. Ce traité porte la marque du renouveau monastique de l'époque et témoigne, vers la moitié du 12e siècle, de la permanence de la première ferveur cistercienne. C'est un genre de « miroir du bonheur de la vraie vie communautaire », qui s'articule en deux parties nettement distinctes. La description, aux traits réalistes, des moines négligents (éd. citée infra, p. 127-131) sert de repoussoir au tableau idéalisé des moines parfaits (p. 131-137). Une exhortation finale invite à la reconnaissance et à la persévérance (p. 137-140). Voici quelques notations dignes d'être mentionnées : les thèmes de la vita angelica (p. 133, lignes 20-23) et du paradis claustral surpassant le jardin d'Éden lui-même (p. 137, 22-25 ; p. 138, 1-13 ; p. 139, 6-20) ; l'insistance sur les expressions de la charité fraternelle (p. 133, 12-19) ; l'office des vigiles nocturnes considéré dans une perspective eschatologique : « Festinant… de lecto quasi de tumulis surgere et tibi, Domine, vocanti occurrere, illius resurrectionis, illius occursionis non immemores qua omnes media nocte illa resurgemus et omnes tibi, novissima tuba personante, occurremus » (p. 135, 1-4) ; le chapitre comme cella iudiciaria où « filii Dei corripiuntur, erudiuntur, educantur » (p. 130, 5-6). On remarque aussi une certaine dépréciation de la corporéité (p. 137, 7-17) et une conception un peu trop matérielle de la vie cénobitique : « Simul ad opus divinum consistunt, simul ad opus manuum exeunt. Simul iterum sedent ad sanctam lectionem, simul reficiunt, simul requiescunt, simul et surgunt. Ecce quant bonum et quant iucundum habitare fratres in unum ! » (p. 134, 1-4). Ce petit traité n'est pas un pur exercice littéraire ; il...

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