— Bien que nous n'ayons que peu de détails sur les dates de la vie de Hugues, il est maintenant démontré par de récentes recherches qu'il est l'auteur du Compendium theologicae veritatis, traité fort répandu sous le nom d'Albert le Grand. Hugues descendait de la famille des Ripelin, notables de Strasbourg. Devenu dominicain, il est ainsi caractérisé : « frater Hugo Ripilinus de Argentina, prior longo tempore Turicensis, postea factus Argentinensis, bonus cantor, laudabilis praedicator, dictator scriptorque bonus atque depictor, vir in omnibus graciosus, summam fecit theologicae veritatis » (De rebus alsaticis ineuntis saeculi XIII, dans MGH Scriptores, t. 17, Hanovre, 1861, p. 233). Après un séjour prolongé à Zurich, il retourna à Strasbourg ; c'est là que le Compendium a dû être composé, entre 1260 et 1270. L'original n'a pas été conservé. On ignore la date de la mort de Hugues. Le Compendium s'est répandu à d'innombrables exemplaires manuscrits. Sa popularité s'explique par le fait qu'il résumait les thèmes de la théologie sous une forme agréable et simple, tout en utilisant fréquemment les auteurs antérieurs et contemporains (qui sont cités textuellement) ; en même temps, il ne dédaignait pas de donner des suggestions et des avis touchant la vie chrétienne pratique. Un signe certain de sa vogue nous est donné par le fait que ce Compendium a été très tôt traduit en langue vulgaire : nous possédons en effet plus de vingt manuscrits de l'ouvrage en moyen haut-allemand. Quant à son plan, l'ouvrage se conforme presque littéralement au Breviloquium de saint Bonaventure. Voici les titres de ses sept livres : de natura deitatis, de operibus conditoris, de corruptela peccati, de humanitate Christi, de sanctificatione gratiarum, de virtute sacramentorum, de ultimis temporibus. L'anthropologie est exposée en détail, particulièrement dans le deuxième livre (vg ch. 51 De synderesi) et dans le cinquième à travers la doctrine de la grâce et des vertus (vg ch. 56 De sensibus spiritualibus). Mis à part le plan, l'influence de Bonaventure et du courant franciscain est peu visible ; bien plutôt celle des victorins et de saint...

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