— Le mot humilité vient du latin humilitas, substantif exprimant le caractère de ce qui est humilis, c'est-à-dire peu élevé, bas, près de la terre. L'adjectif humilis dérive lui-même de humus, la terre, le sol. Dans le latin classique, le mot humilitas est employé à propos des choses et au sens propre pour indiquer leur petitesse, leur état de bassesse, leur manque d'élévation ou leur peu d'importance. Mais il a aussi un sens figuré : lorsqu'on parle des personnes, il sert à désigner l'obscurité de leur naissance, l'effacement de leur condition sociale, la faiblesse de leurs moyens, l'insignifiance de leur caractère, la soumission de leur âme, l'abattement de leur courage (Thesaurus linguae latinae, art. humilis, humilitas, t. 6, pars 3, 1942, col. 3103-3119 ; N. I. Herescu, Homo-Humus-Humanitas, dans Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n. 5, juin 1948, p. 68-69). Ce n'est que dans le latin chrétien que le mot humilitas acquiert un sens proprement moral et religieux : il devient alors le nom d'une disposition spirituelle opposée à l'orgueil, à la vanité, à la suffisance, dont la tradition fera une vertu (E. Dekkers, « De humilitate ». Een bijdrage tot de geschiedenis van het begrip « humilitas », dans Horae monasticae, t. 1, Tielt, 1948, p. 67-80). Ce dernier sens est le seul qu'a pratiquement retenu le terme français et moderne d'humilité. C'est aussi le seul qui nous intéresse ici directement. Mais avant d'exposer les données de l'ancien et du nouveau Testament, puis la doctrine des Pères, des théologiens et des maîtres spirituels, on commencera par examiner s'il n'y aurait pas eu dans la morale et l'attitude religieuse de l'antiquité païenne quelque chose qui ferait déjà penser à ce que le christianisme appellera plus tard l'humilité. L'important, en effet, c'est la réalité signifiée, beaucoup plus que le mot lui-même, qui peut varier selon les contextes culturels. 1. L'antiquité païenne. — 2. L'Écriture. — 3.

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