— On entend ordinairement par hypocrisie une duplicité qui consiste à affecter ou à mimer la vertu, la piété, de nobles sentiments, alors que dans le secret on agit en sens contraire. Il faut bien voir cependant que des variations dans l'agir et dans l'intention ne peuvent être ipso facto qualifiées d'hypocrites ; la seule faiblesse humaine explique souvent ces variations. Au coeur de l'hypocrisie, il y a la duplicité de l'intention, au lieu de l'intention droite. — 1. Dans l'Écriture. — 2. Chez les théologiens et les moralistes. — 3. Nature de l'hypocrisie.

1. Dans l'Écriture sainte,

l'ancien Testament décrit plus souvent les attitudes et les actes de l'hypocrite qu'il n'utilise le mot ; il manque, à vrai dire, d'un terme particulier pour exprimer l'hypocrisie. Le mot hébreu hânef est traduit parfois et d'une manière trop restrictive par hypocrita dans la Vulgate (cf Job 8, 13 ; 13, 16 ; 15, 34 ; 27, 8-9). « Ne sois pas indocile à la crainte du Seigneur et ne la pratique pas avec un coeur double. Ne sois pas hypocrite devant le monde » (Sir. 1, 28-29). On dénonce ici une duplicité dans la conduite (cf aussi Sir. 2, 12) ; ainsi Antiochus « jouant le personnage pacifique » (2 Macc. 5, 25). Dans l'ancien Testament, généralement l'hypocrite est mis aux côtés du vantard, du bavard, de l'impie, du pécheur (cf Sir. 19, 20-30 ; 32, 14-18 ; 33, 2). La conduite de l'hypocrite est répréhensible parce qu'il y a « un savoir-faire qui est abominable » (Sir. 19, 23), précisément lorsque le savoir et le faire, l'intention et la pratique ne sont pas en accord, lorsque l'intérieur ne répond pas à l'extérieur : Dieu hait le coeur double et plein de fraudes. Dans le nouveau Testament, deux chapitres de l'Évangile de Matthieu parlent abondamment de l'hypocrisie, le sixième dans le cadre du Sermon sur la montagne et donc de la nouvelle loi du Royaume, et le vingt-troisième qui vise particulièrement les pharisiens. Le tableau qui est brossé de l'hypocrite est d'une extrême sévérité....

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