— 1. L'auteur, l'oeuvre et son contexte. — 2. « Introduction aux devoirs des coeurs ». — 3. Appréciation.

1. L'auteur, l'oeuvre et son contexte.

— Dans son Introduction à la pensée juive du moyen âge, Georges Vajda remarque : « Bahya est l'homme d'un seul livre et derrière ce livre l'auteur est tellement effacé que sa vie demeure quasiment inconnue et sa chronologie ne se laisse plus établir, et encore très approximativement, qu'à l'aide de combinaisons subtiles d'érudition » (p. 86). Ce que nous savons de l'auteur est effectivement peu de chose. Même la prononciation correcte de son nom n'est pas tout à fait sûre. Dans l'avant-propos de la traduction hébraïque du traité de Bahya, Ibn Tibbon nous révèle le patronyme de l'auteur et l'appelle ha-dayyan, juge auprès du tribunal rabbinique. Son pays d'origine est Andalûs, l'Espagne mauresque. On suppose qu'il a vécu à Saragosse, mais on avance aussi le nom de Cordoue. Bahya a écrit son traité en langue arabe et le titre original est Kitâb al-Hidâya 'ilâ farâ'id al-qulûb ou « Introduction aux devoirs des coeurs » ; en traduction 1219 hébraïque Hobot ha-lebabot. La date de rédaction du Hidâya a longtemps donné lieu à de nombreuses hypothèses. La question est pourtant résolue pour l'essentiel depuis la publication de l'étude de P. Kokovtzov : Bahya écrit entre 1050 et 1080. Moïse b. Jacob Ibn Ezra (1060 ?-1139 ?), disciple d'Isaac Ghiyât † 1089, rapporte en effet, dans un fragment de son traité philosophique Maqâlat al-Hâdiqa (en hébreu Arûgat ha-bossen) conservé à Léningrad, une critique de Bahya et dit à ce propos : « Qu'aurait-il dit à notre époque ? » Le siècle de Bahya était oublieux de vie intérieure. Presque tout, dans la vie religieuse juive, était centré sur l'étude de la tradition et la connaissance philosophique. La pratique religieuse était devenue mécanique, une affaire de routine, où la réflexion n'avait plus aucune place. D'après Bahya, on insistait trop exclusivement et...

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