— 1. Vie et personnalité. — 2. La collection des lettres. — 3. Sources. — 4. Doctrine. — 5. Théologie et mystique du martyre. — 6. Conclusion.

1. Vie et personnalité.

— Le peu que nous savons de la vie de saint Ignace d'Antioche nous vient des lettres mêmes du martyr, auxquelles Eusèbe a emprunté les renseignements qu'il a consignés dans l'Histoire ecclésiastique (III, 36, PG 20, 288-292 ; éd. Th. Mommsen, GCS 2, 1903, p. 274-281). Second évêque d'Antioche après saint Pierre, Ignace fut sous Trajan arrêté comme chrétien, condamné à mort et envoyé à Rome pour y être livré aux bêtes. Il fit, partie par mer, partie par terre (Romains 5, 1), le voyage d'Antioche à Philadelphie en Lydie. Après quelques jours passés en cette ville (Philadelphiens 7, 1), il partit pour Smyrne où il fut accueilli par l'évêque Polycarpe et toute la communauté ; il reçut là des envoyés venus des Églises d'Asie, Éphèse, Magnésie sur le Méandre, Tralles ; de Smyrne encore, il écrivit à chacune de ces Églises ainsi qu'à l'Église de Rome, puis il gagna Troas, d'où il écrivit aux Églises de Philadelphie et de Smyrne, et à Polycarpe (G. Jouassard, Les épîtres expédiées de Troas par saint Ignace d'Antioche.., dans Mémorial J. Chaîne, Lyon, 1950, p. 213-221). Il arrive par mer à Néapolis, le port de Philippes en Macédoine (cf Polycarpe, Philippiens 9, 2), d'où il partit pour Rome, sans doute par la Via Egnatia et Dyrrachium, puis Brundisium. Saint Irénée (Adversus haereses v, 28, 4 ; SG 153, 1969, p. 360) et Origène (In Lucam hom. 6, 4 ; éd. M. Rauer, GCS 9, 1930, p. 37, et SG 87, 1962, p. 144) assurent qu'il fut livré aux bêtes. Tout ce qu'on peut dire de plus ressortit à la légende : les Actes du martyre d'Ignace, conservés en deux recensions (Martyrium Colbertinum, Martyrium Vaticanum), sont des compositions tardives du 4e ou 5e siècle. Les discours prêtés par l'auteur au martyr ne font que reprendre les...

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