— L'illumination est souvent confondue avec la contemplation et ne comporte point dès lors d'étude spéciale. L'une et l'autre supposent une lumière qui élève l'intelligence et qui la fait entrer en relation de connaissance et d'amour avec les réalités supérieures ou divines. En soi, cependant, illumination et contemplation n'expriment ni le même concept ni la même réalité concrète, l'une étant la condition de l'autre, comme la lumière est la condition de la vision. Illumination et contemplation recouvrent d'ailleurs, soit l'une soit l'autre, des concepts et des réalités fort divers. Traitant spécialement de l'illumination, nous distinguerons une illumination intellectuelle ou gnoséologique, une illumination morale et une illumination mystique, dont l'origine remonte à Platon et au-delà, mais qui ont reçu un développement spécial sous l'un ou l'autre aspect chez les divers maîtres de la mystique ou de la gnoséologie, pour se retrouver dans leur synthèse définitive chez saint Bonaventure, alors que l'illumination, au sens platonicien, est abandonnée soit par saint Thomas, soit par Duns Scot, qui lui substituent l'illumination aristotélicienne ; chez eux, 1331 l'activité humaine prend la place de l'activité divine, celle-ci étant au contraire l'aspect fondamental de tout le courant platonico-augustinien. Nous traiterons successivement des Origines de la doctrine de l'illumination (I) et De l'illumination platonicienne à l'illumination chrétienne (II). Nous présenterons ensuite une synthèse bonaventurienne (III). Enfin, un exposé sera consacré à l'illumination chez les maîtres du Carmel (IV).

I. ORIGINES DE LA DOCTRINE DE L'ILLUMINATION

Le Dictionnaire a déjà longuement parlé de ces origines à propos de la contemplation (t. 2, col. 1643-1929). Nous nous contenterons donc ici d'en élaborer une synthèse, renvoyant à cet article pour un développement plus complet et pour les citations de textes. Nous verrons ainsi plus clairement la nature de l'illumination...

[...]