— En parcourant l'histoire de la spiritualité chrétienne, nous y remarquons des mouvements spirituels dont les dénominations évoquent l'illumination intérieure ou l'illuminisme, sans qu'elles aient rien à voir avec le siècle des lumières ou l'Aufklärung. Ainsi par exemple les alumbrados d'Espagne au 16e siècle, les illuminés de Picardie ou guérinets dans la France du 17e et les illuminés de Bavière au 18e. Mais on rencontre beaucoup d'autres mouvements spirituels qui, quelle que soit leur dénomination, présentent de frappantes analogies, malgré la diversité de leur langage, leur dispersion dans le temps et la variété des aires géographiques. Ces ressemblances de leur enseignement sont telles que l'on rapproche spontanément ces mouvements les uns des autres. Les livres antiquiétistes des 17e et 18e siècles, les témoignages des procès et les documents de condamnation du Saint-Siège, répètent avec insistance que les doctrines et les pratiques spirituelles des quiétistes se trouvaient déjà chez les alumbrados, les bégards et jusque chez les manichéens. Il arrive même qu'on identifie certains de leurs enseignements avec ceux d'auteurs condamnés au moyen âge. Tel est, par exemple, le cas de Gerardo Segarelli et de sa secte des « Apostoliques » (invoqué dans la 3e proposition condamnée de Molinos par la bulle Caelestis Pastor) ou celui de Bérenger de Montefalcone (dans la 1e proposition condamnée de Fénelon par le bref Cum alias). En rapprochant ces références données par les documents du magistère et en comparant les enseignements des mouvements spirituels qu'ils concernent, nous pouvons faire remonter jusqu'aux premiers siècles de l'Église un noyau doctrinal qui, du moins selon les apparences, s'est transmis jusqu'aux temps relativement modernes avec de légères altérations. Ce dénominateur commun est habituellement appelé dans l'historiographie contemporaine illuminisme spirituel ou illuminisme mystique. 1. Problèmes et critères d'identification. — 2. Mouvements...

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