— 1. Généralités. — 2. Illusions et discernement des esprits. — 3. Principaux types d'illusion spirituelle. — 4. L'enseignement des spirituels.

1. Généralités.

— Dans la langue française, le mot illusion est employé dans des contextes très différents. On parle d'illusion des sens, quand l'apparence d'un objet que l'oeil (ou un autre sens) perçoit fait voir cet objet autrement qu'il n'est en réalité ; ainsi l'illusion d'optique. On parle d'illusion théâtrale, aussi bien à propos des moyens qu'utilise le théâtre (décors, travestissements, etc) que de l'essence même des arts scéniques. Dans une direction différente, lorsqu'on dit de quelqu'un ou d'une chose qu'il fait illusion, on veut signifier que les apparences sont plus belles que la réalité ; d'où le dicton : « Tout ce qui brille n'est pas or ». Se faire illusion à soi-même, s'illusionner, c'est s'abuser soi-même, plus ou moins consciemment, soit sur son propre personnage, soit sur n'importe quoi ; c'est prendre ses désirs pour des réalités ; il s'agit ici d'illusions du jugement. Dans la langue courante et parlant en général l'illusion est « toute erreur, soit de perception, soit de jugement ou de raisonnement, pourvu qu'elle puisse être considérée comme naturelle, en ce que celui qui la commet est trompé par une apparence » (A. Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, 7e éd., Paris, 1956, p. 463). Cette fausse appréciation de ce qui est conduit à un jugement faux et, éventuellement, à une conduite inadaptée au réel qui manquera donc son but. Essayons d'apporter quelques précisions et réflexions sur l'illusion dans la vie morale et dans la vie spirituelle.

1° DANS LA VIE MORALE,

l'illusion peut être définie comme un jugement erroné, porté par une conscience droite, sur la valeur d'un acte humain (intention, moyen, fin). 1) Il est préférable de réserver le mot erreur aux domaines de la connaissance abstraite, logique, à l'exercice de la raison. Le mot illusion s'applique plus spécifiquement au vaste champ de la...

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