— Les images matérielles (peintures, sculptures, etc) ont joué et continueront de jouer un grand rôle dans l'histoire spirituelle de l'humanité. Cet article ne fera qu'un rapide survol des phases majeures de cette histoire, il s'attachera de préférence au monde chrétien. La question de l'art sacré sera laissée de côté ; on se reportera utilement à l'art. ART ET SPIRITUALITÉ (DS, t. 1, col. 899-934). — 1. Sens de l'image. — 2. Refus de l'image. — 3. Acceptation de l'image. — 4. Utilité et limite des images.

1. Sens de l'image.

1° DANS L'HISTOIRE DES RELIGIONS,

on s'accorde à reconnaître qu'il faut distinguer le Dieu du ciel, véritablement transcendant, conçu comme créateur, se manifestant à la conscience morale et qui n'est pas mêlé aux mythes naturistes d'une part et, de l'autre, les « entités qui occupent le plus souvent le centre du culte.., et qui sont généralement l'ancêtre, le maître d'un secteur de la nature ou la mère cosmique, flanquée ou supplantée par son fils, dieu de la fécondité. Ceux-ci, fussent-ils suprêmes dans un panthéon donné, ne sont pas transcendants, mais ils expriment, à la manière d'un modèle synthétique, la structure biologique du monde » (J. Goetz, art. Idolâtrie, dans Catholicisme, t. 5, 1963, col. 1183). Ces divinités appellent la représentation matérielle, le culte extérieur, parce qu'elles expriment l'ordre du monde et les puissances qui y sont à l'oeuvre, tandis que le Dieu du ciel n'est pas représentable, il exclut la matérialisation. En langage théologique, l'adoration au sens propre signifie le culte intérieur et extérieur rendu au seul Dieu suprême. L'idolâtrie, εἰδώλων λατρεία, consiste formellement en l'adoration d'images divines. Ce concept, qui n'a pas d'équivalent dans la Bible hébraïque et qui n'apparaît pas dans la version grecque de la Septante, vise le plus fréquemment le polythéisme ; en ce sens, l'idolâtrie est rejetée dans la révélation biblique comme contraire à l'unicité de Dieu. Mais nous éviterons de nous placer au point de vue de l'idolâtrie pour...

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