— La référence à un psychisme inconscient, même si cette notion suscite encore, chez de nombreux auteurs, critiques et contestations, est, semble-t-il, l'un des traits les plus marquants de la psychologie contemporaine. Tout un aspect de l'existence humaine, — aspect obscur, par définition, et, par là, quelque peu inquiétant —, se trouve ainsi mis en lumière, et les nombreux problèmes que soulève cette découverte ne peuvent manquer d'avoir d'importants retentissements dans le domaine de la vie morale et religieuse de l'homme d'aujourd'hui. Parler de l'inconscient, c'est évoquer nécessairement le nom et l'oeuvre de Sigmund Freud. C'est donc à lui que nous nous référerons essentiellement. Il serait pourtant naïf de prétendre que rien n'a précédé la découverte freudienne et qu'après lui rien n'a pu être dit. Nous présenterons donc brièvement les théories et expériences préfreudiennes de l'inconscient (1) ; nous nous attarderons davantage à la conception psychanalytique telle que Freud et ses disciples l'ont élaborée (2) ; nous dirons ensuite un mot de certaines positions divergentes, celle de Jung notamment, plus orientée vers la mythologie avec sa théorie des archétypes et de l'inconscient collectif (3) ; nous conclurons enfin par quelques réflexions critiques (4).

1. Théories et expériences préfreudiennes.

1° LES PHILOSOPHES.

— Il serait facile de retrouver, dans l'antiquité, des croyances qui anticipent singulièrement sur nos modernes théories de l'inconscient. Que l'on songe, pour nous en tenir aux grecs, à l'importance des rêves, aux pratiques divinatoires de la Pythie de Delphes, etc. Le démon de Socrate, « dont la voix, depuis son enfance, l'avait constamment détourné, par quelque signe divinatoire, de ce qui devait être son mal » (L. Robin, La pensée grecque et les origines de l'esprit scientifique, 2e éd., Paris, 1948, p. 185), ouvre incontestablement sur un au-delà de la conscience claire et annonce, mutatis mutandis, certaines analyses de la Traumdeutung freudienne ou de la psychologie de l'inconscient de C. G. Jung. Mais, plus...

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