— Il s'agit ici de mettre en relief la valeur des indulgences pour la vie spirituelle. La meilleure manière de le faire, c'est de donner des indulgences elles-mêmes une juste idée à la lumière du dogme, de l'histoire et de l'enseignement actuel du magistère. Seule une doctrine bien comprise des indulgences sera capable en effet de leur conserver, ou de leur rendre, la place qu'elles méritent dans la piété chrétienne. — 1. Fondements dogmatiques. — 2. Aperçu historique. — 3. Enseignement actuel du magistère. — 4. Valeur.

1. Fondements dogmatiques.

— Les indulgences sont une institution ecclésiastique qui repose sur plusieurs vérités dogmatiques, dont elle découle.

1° PÉCHÉ ET PEINE TEMPORELLE.

— le péché a pour 1714 conséquence une peine temporelle qui peut demeurer, et de fait demeure souvent, après que la faute a été pardonnée. Le concile de trente l'affirme à plusieurs reprises (Denzinger, n. 1543, 1689, 1712, 1715). C'est la persistance de cette peine, non encore expiée ici-bas, qui explique l'existence du purgatoire (n. 1580), où, comme le déclare le 2e concile de Lyon (1274), sont purifiées les âmes des défunts, « morts dans l'amour de Dieu, en vrais pénitents, avant d'avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence pour les péchés qu'ils ont commis ou pour leurs fautes d'omission » (n. 856). Le magistère ne s'est jamais toutefois prononcé sur la nature exacte de cette peine. Les théologiens en ont proposé diverses explications. A titre d'exemple, on rapportera deux théories, parmi les plus récentes. 1) A la suite de J. Maritain (Neuf leçons sur les notions premières de la philosophie morale, Paris, 1951, p. 72, 184), le cardinal Charles Journet (Théologie des indulgences, dans Nova et vetera, t. 41, 1966, p. 81-111) voit dans la peine temporelle du péché comme l'effet d'une loi de rééquilibration de l'univers dont l'ordre a été perturbé par le péché. Celui-ci comporte une faute et un double désordre, qu'accompagne une double peine, « car la peine suit le désordre comme l'ombre suit le corps » (p. 83). Par le péché, en...

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