— I. Vie. — II. Œuvres. — III. Doctrine spirituelle. — IV. Originalité et influence.

I. VIE

1. Sources.

— La biographie d'Irénée repose sur les seuls renseignements qu'on lit dans l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe (V, 3-8, SC 41, 1955, p. 26-38). Ces indications qui apparaissent un siècle et demi après les événements proviennent toutes des oeuvres d'Irénée qu'Eusèbe avait sous les yeux quand il composait son livre. Cependant, à travers ce qu'on pourrait appeler « la notice d'Irénée », Eusèbe a semé plusieurs traits qui doivent être discutés. Comment faut-il comprendre, par exemple (Hist. V, 3, 4), qu'il y eut « plusieurs lettres » des martyrs de Lyon écrites aux frères d'Asie et de Phrygie ? Ou, s'il n'y en eut qu'une, celle que l'on connaît, fut-elle écrite « dans les fers » ? Et le fut-elle précisément pour répondre aux inquiétudes que faisait naître en Phrygie l'expansion du montanisme ? Sur ces points, comme sur d'autres que nous rencontrerons, il convient d'être extrêmement prudent et il est indispensable, pour doser notre créance aux dires de l'historien, de connaître les procédés, simplifications ou amplifications dont il est coutumier. On lira, à ce propos, les réflexions de P. Nautin, Lettres et écrivains chrétiens des IIe et IIIe siècles, spécialement sur Irénée, les pages 33-104. Avant Eusèbe, les rares auteurs qui témoignent par leurs écrits qu'ils connaissent l'oeuvre d'Irénée, Tertullien dans l'Adversus Valentinianos, Hippolyte dans l'Elenchos (VI-VII), Clément d'Alexandrie dans les Stromates (VII, 18), — d'Origène, qui a pourtant fréquenté l'oeuvre d'Irénée, on n'a aucun témoignage formel —, ne nous disent rien du personnage. Après Eusèbe, les attestations concernant Irénée ne sont pas 1924 très nombreuses, eu égard à l'importance que son oeuvre revêt à nos yeux ; mais il faut se rappeler qu'un écrivain anténicéen, tourné contre les gnostiques dont...

[...]