— 1. Genèse. — 2. Haggadah judaïque. — 3. Philon. — 4. Nouveau Testament. — 5. Un siècle d'antijudaïsme. — 6. La grande école exégétique. — 7. Pastorale égyptienne au 4e siècle. — 8. Chrétienté syriaque. — 9. Targums chrétiens. — 10. Liturgie. — 11. Iconographie. — 12. Paradoxe et conclusions.

1. Genèse.

— La Bible esquisse les origines de l'humanité, puis elle s'arrête longuement aux trois patriarches en qui Dieu se choisit un peuple et qu'il appelle à posséder la terre. Quelles que soient les origines particulières de chacun des récits, leurs connexions topographiques, les intentions qui s'y expriment, la narration qui les sélectionne et les coud l'un à l'autre laissent transparaître l'idéal que portaient en eux les « fils des prophètes » qui en ont assuré la transmission : une figure d'hommes profondément religieux, pleins de foi dans le Dieu qui se révèle à eux, en relation personnelle avec lui au moyen d'un culte encore très simple. La noblesse et la liberté de ces grands cheiks nomades engagés à la suite de Dieu font impression ; les juifs et les chrétiens qui, dans un cadre culturel tout différent, les rencontraient dans le livre saint, cherchaient à interpréter les détails de leur aventure spirituelle, à s'inspirer de leur exemple, à le confronter avec les sagesses et les humanismes, et avec la réalité du Christ. Il serait impossible de suivre à travers les siècles, en Orient et en Occident, l'histoire de cette exégèse ; mais une analyse des témoignages les plus anciens et une bibliographie permettront à chacun de dégager le sens de la tradition plus tardive. Parmi les patriarches, c'est Isaac qui manque le plus de relief. Il est toujours passif. Non seulement, comme on s'y attend, dans les récits qui entourent sa naissance merveilleuse, où les promesses rencontrent la foi d'Abraham (Gen. 17, 15-22 ; 18, 9-15 ; 21, 1-21), et dans le sacrifice où ce dernier offre son unique, son bien-aimé (22, 1-19), mais encore dans son mariage, où toutes les...

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