— 1. La personne. — 2. L'oeuvre. — 3. La doctrine spirituelle.

1. LA PERSONNE

1° Vie.

— Isaac de l'Étoile était d'origine anglaise. Dans un billet, au ton mi-sérieux, mi-ironique, relatant les vexations infligées à la communauté de l'Étoile par un voisin qui prétend se venger sur lui de tous les anglais, Isaac laisse 2012 échapper cette exclamation : « Utinam aut anglus non fuissem, aut ubi exsulo anglos numquam vidissem ! » (PL 194, 1896b). Il était sans doute de noble famille. N'avoue-t-il pas qu'un démon fort bavard le dérangeait pendant la lectio divina en lui suggérant des rêveries vaniteuses à propos de son savoir-vivre, de son lignage, de son charme naturel, de sa distinction ? (Sermon 38, PL 194, 1819b). Nous nous contenterons désormais de renvoyer aux seules colonnes de PL 194 ; chaque fois qu'il y a lieu, nous renverrons à la page de l'édition des Sermons d'Isaac, t. 1, SC 130, 1967, par A. Hoste et G. Salet. Le premier repère chronologique assez solide pour reconstituer les lignes principales de la vie d'Isaac est l'année 1147, date à laquelle il apparaît comme abbé de l'Étoile (Stella ; cf DHGE, t. 15, 1963, col. 1287-1289). Mais comment ce britannique racé et cultivé a-t-il pu aboutir dans ce petit monastère perdu dans la campagne à une trentaine de kilomètres à l'est de Poitiers ? Il semble en effet très improbable qu'Isaac l'ait directement choisi au moment de son entrée dans la vie monastique. Par ailleurs, sa présence à l'Étoile serait inexplicable si, comme on l'a supposé, il s'était fait moine en Angleterre ou à Cîteaux. En l'absence de tout document, l'hypothèse la plus simple et la plus vraisemblable est qu'Isaac ait opté pour l'abbaye cistercienne de Pontigny. La suite des événements, on va le voir, s'en trouve singulièrement éclairée. Désirant être rattachée à l'ordre cistercien dans la filiation de Pontigny, la communauté de l'Étoile (fondée en 1124 par Isembaud, frère de Pierre de l'Étoile, abbé de Fontgombault) avait obtenu, en 1145 ou 1146, que quelques religieux de ce...

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