— 1. Une spiritualité d'accès difficile. — 2. Les livres et la vie. — 3. Du rudiment ascétique à la conversion continuée. — 4. Diversité des devoirs d'état. — 5. Triple exercice de la vie contemplative. — 6. Lumières et ombres. 2105

1. Une spiritualité d'accès diffìcile.

— En dépit de l'ébauche, demeurée sans lendemain, que lui consacra en 1940 P. J. Mullins, la spiritualité d'Isidore de Séville est d'un accès plus difficile encore que sa culture profane. Car on ne se heurte pas seulement aux difficultés propres aux études isidoriennes : dispersion d'une matière fragmentée par les « catégories » grammaticales (étymologie, différence, analogie, glose) ; disette de recherche des sources et d'éditions critiques commentées ; naufrage de la correspondance, de l'homilétique, de la production liturgique. Mais l'impersonnalité volontaire de la quasi-totalité des oeuvres conservées, les méthodes d'une compilation anti-systématique (en dépit des apparences) qui juxtapose souvent sans les composer ses sources profanes et sacrées, l'intention pédagogique et pastorale, constituent autant de facteurs de déformation qui accroissent les risques de méconnaissance et d'erreur. Grande est la tentation d'imposer à cette matière pulvérulente une forme trop classique pour ne point en trahir l'esprit et les lignes de force les plus originales. Plus grande encore, car elle s'appuie sur une idée reçue, la tentation de dissocier radicalement les oeuvres « profanes » des oeuvres « sacrées ». Or, ni la chronologie, ni la ressemblance étroite des méthodes de travail et des catégories de pensée, ni les formes mêmes de la rédaction et de la composition ne justifient une telle répartition. Trois livres des Étymologies sont dédiés plus ou moins complètement aux sacra ; chaque chapitre du De natura rerum livre les clés d'une symbolique chrétienne du cosmos et de ses parties ; les Différences sont déjà riches de chapitres fondamentaux pour une introduction à la spiritualité d'Isidore. Inversement, on sait quel profit incessant l'étude de la culture...

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