— 1. Kénose au sens propre. — 2. Kénose au sens impropre. On rencontre parfois aujourd'hui l'expression « kénose de l'Église ». Il est aisé de concevoir ce qu'on veut signifier par là : une certaine configuration de l'Église au Christ en son état de kénose, c'est-à-dire de renoncement à la forme de Dieu, à la gloire et à la puissance divines ; l'Église du Christ s'efforce d'être livrée et donnée en partage, comme le Christ en sa pauvreté et en son Eucharistie (cf bibliographie). De nombreux textes de l'Écriture et de la tradition nous en offrent l'illustration : configuration des membres à la tête, de l'épouse à l'époux. Ces textes vont plus loin qu'un simple « admirabile commercium », tel que l'énonce le schéma de 2 Cor. 8, 9 (« à cause de vous, le Christ s'est fait pauvre, afin que vous deveniez riches de sa pauvreté »). Ce n'est pas un mouvement bilatéral ; au contraire, ce mouvement est orienté dans un seul et même sens, tel que le dessine le schéma d'Hébr. 13, 11-13 : « Jésus a souffert à l'extérieur des portes de la ville… Sortons donc, nous aussi, à sa rencontre, hors du camp, et chargeons-nous de son ignominie ». Dans l'Écriture, aucune limite nette n'est imposée à cette configuration ; elle commence par la grâce de « naître du Père avec le Fils » (cf Jean 1, 13, et tous les textes sur la « filiation ») et va jusqu'à la configuration à la croix (Gal. 2, 19), la résurrection et l'ascension (Éph. 2, 6), jusqu'à siéger sur le trône (Apoc. 20, 4) et même juger avec lui (2 Cor. 6, 2 et 4). Mais cette configuration, en principe sans limite, permet-elle d'étendre à l'Église la notion de « kénose » ? Cela dépend de la définition qu'on en donne. Dans l'usage qu'il fait du verbe ϰενοῦν, le nouveau Testament nous offre plusieurs possibilités. Le passage solennel, dans l'hymne de Phil. 2, 7, a une signification propre ; il y est question du « Christ Jésus » préexistant : il « se trouvait en forme de Dieu », mais « il n'a pas considéré comme une proie à saisir d'être l'égal de...

[...]