— 1. Une réflexion religieuse de laïc. — 2. Une théologie orientale de l'Église. Né à Moscou le 13 mai 1804, Alexis Stépanovitch Khomiakov devait jouer un rôle éminent dans la renaissance de la pensée religieuse russe au 19e siècle. Pourtant, lorsqu'il mourut à Ternovskoïé le 5 octobre 1860, au cours d'une épidémie de choléra, la plus grande partie de son oeuvre, qui devait remplir huit gros volumes, restait encore à publier. C'est par la conversation surtout, par la correspondance et par quelques brochures que son influence s'était exercée de son vivant.

1. Une réflexion religieuse de laïc.

— Ce théologien laïc, issu d'une noblesse où se recrute l'intelligentsia de l'époque, est une personnalité étonnante. Porté vers la poésie, celui qu'on peut considérer comme un frère cadet d'Alexandre Pouchkine † 1837 a l'esprit trop curieux de toutes choses pour se confiner longtemps dans l'activité poétique. Après un bref service dans la cavalerie, il se passionne pour les réformes dont la Russie d'alors commence d'éprouver le besoin. Il y apporte, à la fois, le souci du détail, jusqu'à faire breveter des inventions de son cru, et le zèle pour les grandes causes : lutte contre le servage, amélioration des méthodes de travail agraire, transformation de l'économie rurale. Mais, au-delà des préoccupations sociales et économiques, son intérêt principal se porte vers le problème majeur de son temps : définir l'identité de la Russie, discerner sa vocation, déceler les tâches que sa mission implique. C'est là, pour lui, une réflexion essentiellement religieuse. Khomiakov, en effet, l'aborde en croyant résolu et inébranlable. Toute l'orientation slavophile, dont il va devenir le principal représentant, implique la profession de foi orthodoxe, et c'est dans cette orthodoxie que le slavophile cherchera les principes de sa pensée et les ressorts de son action. En se proposant de réfléchir sur la Russie orthodoxe et sa place dans le monde, Khomiakov rencontre inévitablement la pensée idéaliste allemande. La critique de Khomiakov se concentre sur la philosophie de Hegel, mais elle englobe tout l'ensemble de la pensée occidentale, dont l'hégélianisme...

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