Auteur : Bruno RICHERMOZ.
 
Tome 6 - Colonne 1039
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Titre de l'article : GRIFFON (ANNE), moniale chartreuse, 1581-1641.
Début de l'article :
— Anne Griffon est née à Eu (Seine-Maritime) en 1581. Orpheline de bonne heure, elle vécut chez son beau-frère jusqu'à son entrée à la chartreuse de Gosnay, près de Béthune (Pas-de-Calais), en 1601, où elle fit profession le 25 août 1602 ; elle fut admise à la consécration des vierges le 4 juin 1606. En dépit de sa fragile santé, elle devint coadjutrice ou cellérière, puis, pendant douze ans, sous-prieure. Deux fois maîtresse des novices, elle contribua, alors et ensuite, à la formation spirituelle des jeunes religieuses. En raison de ses lumières et de ses exceptionnelles vertus, elle exerça une grande influence sur les personnes séculières qui fréquentaient le monastère. Elle mourut le 14 janvier 1641, à Béthune, où la communauté s'était réfugiée durant la guerre avec l'Espagne. Anne Griffon a laissé une sorte de « journal spirituel », où, par obéissance, « elle se résout à écrire les grâces et faveurs qu'il a plu à ce Bien infini de départir à sa servante » (p. 2). Ce texte, sans titre ni divisions, et même sans ordre, est conservé à la bibliothèque Mazarme, à Paris (ms 1083) : « Œuvres d'une religieuse chartreuse, nommée Anne Griffon ». Après le récit des épreuves antérieures à son entrée à Gosnay, puis à la chartreuse (humiliations, tentations, maladies), Anne Griffon trouve bientôt dans la méditation de la Passion son « grand moyen de perfection » : « Jésus crucifié est la porte par laquelle il faut entrer pour connaître la divinité » (p. 448). C'est aussi le chemin des vertus : confiance, amour du prochain, obéissance et humilité. L'humilité, « fondement » et « comble de la vie spirituelle », joue un rôle essentiel chez Anne. Elle la conduit à la connaissance de son « rien ». Peut-être y a-t-il là un écho de la doctrine de Catherine de Gênes : « Si Dieu ne soutenait l'âme, elle ne pourrait jamais… voir chose si effroyable qu'est cet être malin qui est l'homme » (p. 88). « C'est le plus cruel ennemi du pur amour » (p. 620). Cette connaissance provoque l'anéantissement, à la fois actif et passif : « Bien que l'acte d'anéantissement soit aussi un don de la divine bonté… plus nécessaire que le don de contemplation ou d'extase.., néanmoins il semble qu'il soit tellement nôtre à cause que nous le devons pratiquer...

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