prêtre, puis pasteur, 1610-1674. — 1. Jésuite. — 2. Labadie et Surin. — 3. Prêtre « janséniste ». — 4. Calviniste. — 5. Labadiste. La trajectoire de Labadie passe par Bordeaux, Paris, Amiens, Montauban, Genève, jusqu'à Utrecht et Altona. Jalonnée d'écrits et de procès, elle traverse les institutions les plus diverses sans pouvoir s'arrêter à aucune, et elle s'achève en une fondation éphémère où s'avoue l'impossibilité de son objet. Labadie s'est acharné à la recherche d'une institution de l'Esprit. Sa vie raconte l'échec de ce grand projet post-tridentin. Né le 13 février 1610 à Bourg-en-Guyenne, fils de Jean-Charles de Labadie, lieutenant de la citadelle de cette ville, Jean de Labadie est dès sa jeunesse saisi de Dieu « tant par la grâce intérieure de son Esprit que par celle de son Écriture » (Déclaration.., éd. de 1666, p. 41-42).

1. Jésuite (1625-1639).

— Il entre au noviciat de Bordeaux le 28 décembre 1625 (ARSI, Aquit. 9, p. 422), et ses deux années de formation (Aquit. 6, p. 211) sont déjà occupées par la composition de « traités » sur la mystique. Après des études de philosophie à Bordeaux (1628-1631), deux ans à Périgueux (1632-1633) et un an au collège d'Agen (1634), il revient à Bordeaux pour y faire sa théologie (1636-1639). En 1639, il est désigné comme prêtre (Aquit. 6, p. 272). Dès 1637, Muzio Vitelleschi, supérieur général de la compagnie, s'inquiète de ce qu'« un jeune théologien du nom de Labadie… vivrait per modum puri spiritus, aurait presque atteint l'état de la vision béatifique, et autres histoires tout à fait étrangères à l'esprit de la compagnie » (à B. Jacquinot, lettre du 20 mars 1637 ; Aquit. 2, p. 471). Les talents et la vigueur prophétique de Labadie lui attirent un nombre croissant d'admirateurs, tel André Dabillon entré au noviciat en 1622 (Aquit. 6, p. 154) et qui quittera les jésuites en 1642 pour suivre Labadie (ARSI, Gall. 46, p. 238), parce « qu'il...

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