Auteur : Jacques LE BRUN.
 
Tome 9 - Colonne 25
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Titre de l'article : LA BRUYÈRE (JEAN DE), moraliste, 1645-1696.
Début de l'article :
— Issu d'une famille de robe, né près de Dourdan, Jean de La Bruyère fut peut-être élevé par les oratoriens, ou même fit-il un temps partie de l'Oratoire (B. N., ms. fr. 25681, p. 230), puis il étudia le droit. Par le crédit de Bossuet, il entra en 1684 au service de la maison de Condé et s'occupa de l'éducation du jeune duc de Bourbon. Lié avec la famille de Bossuet (le frère de l'évêque, Antoine, et l'abbé J.-B. Bossuet, fils de ce dernier) et avec l'entourage de M. de Meaux, avec Claude Fleury, les Cordemoy, l'abbé F.-T. de Choisy, il était en rapport avec J.-F. Senault, avec les cartésiens (il expliquait à son élève la philosophie de Descartes) et avec Gilles Alleaume qui travaillait aussi à l'éducation du duc de Bourbon et sera plus tard suspect de quiétisme. La Bruyère cependant vivait assez retiré, en philosophe qui méditait sur les anciens et en observateur sans complaisance de son entourage. De ces observations sortirent Les Caractères ou les moeurs de ce siècle (premiers jours de 1688, avec privilège du 8 octobre 1687). 26 Ces portraits et ces réflexions se présentaient comme le prolongement d'une traduction des Caractères de Théophraste. Le livre fit grand bruit : on reconnut des contemporains (Nouvelles ecclésiastiques du 9 mai 1688, B.N., ms. n.a.fr. 1732, f. 8 : « On y fait les portraits de M. le Card. de Bouillon, de M. de Paris, de M. de Meaux » ; et f. 13). Cinq éditions ou contrefaçons parurent en 1688 ; constamment revu, corrigé et augmenté, le livre atteignit sa 9e édition en 1696 (B.N., ms. fr. 24471, f. 158). Nombre de pages intéressent la spiritualité : on les trouve dans les chapitres consacrés à la satire du clergé (De quelques usages § 16-32) ou à l'éloquence sacrée (De la chaire), et dans le dernier chapitre intitulé Des esprits forts. La Bruyère y critique ceux qui, au lieu de prêcher l'Évangile, ne se soucient que d'orner leurs sermons, ceux qui défendent une morale relâchée, les prêtres et les religieux qui s'écartent du sérieux de leur vocation et ont de la complaisance pour le monde. L'idéal de l'éloquence chrétienne est pour lui incarné dans l'abbé Nicolas Le Tourneux (De la chaire...

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