— Martin La Carcel (Carzel) est originaire de la province d'Aragon. Entré chez les frères prêcheurs en Aragon, il fut lecteur de théologie en Sardaigne ; le chapitre général de 1601 le déclare « maître » et le confirme dans sa charge pour trois ans avant de rentrer en Espagne. La Carcel publia en 1600, à Cagliari, une Exposición sobre el psalmo 44 que comiença Eructavit ; réédité à Barcelone en 1605 (698 p. in-8°), l'ouvrage fut traduit en français par le franciscain Jean Eymar (Paris, 1610, 704 p. ; peut-être réédité en 1613). Eymar déclare au lecteur qu'il ne se serait pas permis d'« habiller à la française chose qui ne fut de grande maison ». C'est beaucoup dire ! Le titre complet annonce bien une « Exposition… où il est traité du règne et des épousailles de Jésus-Christ avec son Église », mais, en réalité, l'auteur traite un peu de tout : le prédicateur et sa prédication (1er et 2e versets), la beauté de l'âme et du corps de Jésus crucifié (3e v.), la force du Christ, « concaténée à la noblesse de sa personne » et manifestée en la croix (4e v.) ; c'est en la croix que le Christ triomphe et par elle qu'il fonde son royaume (5e-8e v.) ; à la suite du Christ, « tous les chrétiens sont le lignage élu de Dieu, rois et prêtres spirituels » (9e v.) ; le Christ ne parle pas seulement à l'Église, son Épouse, par les mystères de la foi (vertus théologales, 11e-12e v. ; Eucharistie, 14e v. ; etc), mais « par ces choses terriennes que Dieu a créées pour l'usage de l'homme » (15e v., p. 659). Sous un flot de réminiscences mythologiques, de symboles de la nature, de références patristiques ou profanes, quelques thèmes majeurs dominent l'Exposition : l'Église, « sortie du côté de Jésus-Christ, comme Ève d'Adam » (p. 556), le Saint-Esprit, « le pédagogue 29 évangélique » (p. 374), Jésus-Christ « qui fiance son Église en la croix » (p. 34). Ces thèmes, centrés précisément en la Croix, donnent sens à tout l'ouvrage et le rendent attachant. Quétif et Échard, t. 2, p. 359. —...

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