— La Bible hébraïque comporte, dans la section des Écrits (ou Hagiographes), un recueil de cinq rouleaux (Megillôt) assignés à des fêtes liturgiques. Le troisième, intitulé ‘Eykâh, est lu pour l'anniversaire de la prise de Jérusalem, le 9 ab (juillet-août). Sous le titre de θρῆνοι dans la Septante, et de Lamentationes dans la Vulgate, 161 il suit immédiatement le livre de Jérémie, en raison de la tradition qui attribue au prophète d'Anatôt la paternité de ces poèmes (voir l'Incipit de la Septante et de la Vulgate). Par le réalisme de ses plaintes, la vérité humaine de la douleur et l'émotion religieuse qu'il suscite, ce livre compte parmi les chefs-d'oeuvre de la poésie lyrique d'Israël. Après de brèves indications sur le contenu (1) et le genre littéraire (2), nous nous attacherons surtout à replacer la théologie (3) du livre dans le cadre de l'histoire de la révélation.

1. CONTENU.

— Le rouleau des Lamentations est constitué de cinq poèmes, indépendants les uns des autres, mais apparentés par le sujet : la ruine de Jérusalem. Les quatre premiers sont alphabétiques, les premières lettres de chaque strophe se suivant selon l'ordre de l'alphabet hébreu. Lam. I : la première partie (versets 1-11) déplore la solitude de Jérusalem, livrée à la dérision de ses ennemis. Dans une seconde partie (12-22), Sion personnifiée reconnaît que Yahvé l'a châtiée justement, mais appelle la vengeance contre ses ennemis. Lam. II : le second poème est dominé par le thème de la colère de Dieu (noter l'inclusion aux versets 1 et 22). Colère (3, 6, 21), fureur (2), sans pitié (17) scandent un développement hardi qui présente Yahvé comme l'ennemi d'Israël (4, 5). Pourtant la seconde partie (14-22) reconnaît la responsabilité des prophètes dans le désastre et invite la nation à prolonger son cri de détresse. Lam. III : composite, ce poème voit alterner la supplication individuelle (1-21), suivie d'une invitation à la confiance (22-39), et la supplication collective (40-51). Avec le verset 52 reprend la supplication individuelle. Cette analyse, précisée par A. Gelin (DBS, t. 5, col. 242-243), ne s'oppose cependant pas...

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