— Prédicateur, gardien au couvent de La Flèche en 1614, Elzéar L'Archer avait auparavant séjourné quelque temps en Italie aux alentours de 1606-1607. Il y rencontra Barthélémy de Salutio, des observants réformés († 1607 ; cf DS, t. 1, col. 1264-1266, et t. 5, col. 1357). Malgré toute son admiration pour cet éminent religieux et cet écrivain mystique, L'Archer n'en reflète guère l'influence dans Le sacré mont d'Olivet ou le paradis de la religion du séraphique Père S. François (Paris, 1614, 940 p. in-12°). Il y présente à « Charistée » (Madame d'Olivet à qui l'ouvrage est dédié) « la vie des habitants de cette sainte montagne » des Oliviers, autrement dit la vie des frères mineurs récollets, en un style apparenté à celui des humanistes dévots, mais parsemé de boursouflures, de digressions, de naïvetés et d'emphase.
Il traite notamment 1) de la préparation spirituelle du candidat récollet, centrée sur la pénitence (vertu et sacrement) et la mortification des sens afin de « parvenir à la pureté de coeur » (p. 206) ; 2) des voeux religieux, et surtout de la pauvreté, exaltant la vie franciscaine et son fondateur, « ce grand athlète et porte-enseigne de Jésus-Christ » (p. 44) ; 3) de l'union fraternelle, de l'amour de Dieu et du prochain ; mais, chose étonnante, la partie mystique du traité est pratiquement remplacée par des développements pompeux sur les phénomènes extraordinaires (révélations, ravissements, etc) attribués à nombre de franciscains.
La crédulité de l'Archer (la vie chez les récollets est un « paradis » ; « ce sacré et divin ordre est le phénix de tous les ordres », p. 380) n'empêche pas le lecteur de recueillir de-ci de-là d'heureuses leçons sur la vie religieuse.
L'Archer traduisit la Scuola del divino amore de Barthélémy de Salutio (1609) : L'école de l'amour divin (Paris, 1611 ; exemplaire chez les franciscains de Toulouse).
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