— Le « défenseur des indiens » n'est pas un « auteur spirituel », mais son « combat pour la justice » et ses nombreux écrits s'inspirent du plus authentique esprit évangélique. On doit le situer dans la catégorie des théologiens-juristes et des grands politiques chrétiens. Depuis plusieurs décennies (grâce surtout à l'historien américain L. Hanke) beaucoup de travaux lui ont été consacrés et l'on ne peut plus réduire l'oeuvre de Las Casas à sa terrible Relación de la destruyción de las Indias et son rôle à celui d'initiateur de la « légende noire » antiespagnole. Il est né à Séville vers 1474. Son père accompagna Christophe Colomb dans son voyage aux Antilles (1493) et devint possesseur d'une entreprise agricole dans l'île de Haïti (Hispaniola). Le « clerc » Bartolomé part à son tour pour le nouveau monde en 1502, comme doctrinero chargé d'assister les religieux qui devaient donner une instruction chrétienne aux indiens. L'évangélisation de ces peuplades nouvelles était en effet le but de l'attribution par le pape (bulle Inter caetera d'Alexandre VI, 28 juin 1493) aux souverains d'Espagne des terres découvertes et à découvrir. Il est peu après promu au sacerdoce, tout en continuant à gérer les possessions de son père. Il fréquentait beaucoup les dominicains de Saint-Domingue, issus du célèbre collège San Esteban 321 de Salamanque. Un sermon, prononcé pendant l'avent 1511 par Antonio de Montesinos, qui stigmatisait la façon dont les indiens étaient traités par les espagnols et refusait à ceux-ci l'absolution, produisit en Las Casas un premier ébranlement. Sa « conversion » définitive intervint en 1514, à Cuba. Préparant un sermon de Pentecôte, il est frappé par certains versets de l'Ecclésiastique se rapportant à l'iniquité, à l'injustice ; il en conclut à l'injustice foncière du système de l'encomienda, qui attribuait un certain nombre d'indiens aux colons, à charge pour ces derniers de les évangéliser, et qui aboutissait pratiquement à l'esclavage des autochtones. Il restitue alors tous « ses indiens » et part pour la métropole défendre leurs droits. Il obtient de l'empereur Charles Quint licence pour...

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