— Récollet de la province de Sainte-Marie-Madeleine (Tours), Jacques Le Bigot n'est guère connu aujourd'hui que par son opuscule (rare d'ailleurs ; exemplaire chez les franciscains d'Orsay) : Méthode pour bien faire l'oraison mentale (3e éd., La Flèche, 1622, 171 p. in-16° ; les deux premières éditions étaient anonymes). L'ouvrage se présente comme un abrégé de l'Introduction à la vie spirituelle du capucin Joseph de Paris (qui n'est pas nommé), publiée à Poitiers en 1616 (cf DS, t. 8, col. 1374-1375).
Alors que Joseph de Paris enveloppe la description de sa méthode dans un flot incessant de similitudes et de comparaisons, tirées de l'ordre naturel et moral ou de la Bible, Le Bigot dégage la structure de cette méthode avec netteté et rigueur. Son schéma de l'oraison d'union est, à ce titre, sans bavures et vigoureux. Dans un style clair mais dense, il dessine, avec tact (l'Examen sur l'oraison, p. 113-119, est un petit chef-d'oeuvre de bon sens spirituel et de délicatesse), et sans doute avec une profonde expérience, les étapes qui acheminent vers Dieu, « auquel l'âme souhaite aussi ardemment être unie comme le rayon est conjoint immédiatement à son soleil » (p. 79).
L'âme, explique Le Bigot, en arrive à rechercher « plutôt un Aimer qu'un Faire, car son amour donne vie à son action » (p. 90), sans « autre soin que d'entendre et de goûter cet Un nécessaire » (p. 97), jusqu'à ce qu'il lui semble « ne voir que Dieu seul en elle et que tout son propre être (quoi qu'elle ne le perde en effet) soit absorbé par l'Être de Dieu infini, tout ainsi qu'une petite goutte d'eau jetée dedans un tonneau de vin » (p. 108).
Méthode se clôt sur une « Conduite ou petites règles pour ceux qui vivent parmi le monde » (p. 120-171), à la fois examen et règlement de vie.
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