— Né à Genève vers 1585 d'une famille de réfugiés français originaires de La Rochelle, Michel Le Faucheur fit de bonnes études à l'Académie genevoise fondée par Jean Calvin. Sous la direction de Théodore de Bèze, il apprit la dogmatique et aussi les langues (latin, grec, hébreu, syriaque). A dix-huit ans, il est pasteur à Lyon, puis à Annonay (1607) et à Montpellier (1612-1632). Tallemant des Réaux raconte dans ses Historiettes (t. 2, Paris, 1854, p. 37-38) que Richelieu « voulut le gagner et lui envoya dix mille francs » à titre de « bienfait du roi ». Le Faucheur refusa et le cardinal le fit interdire. En tout cas, vers 1637, peut-être sur l'intervention de l'Éminence grise, Joseph de Paris, il devint pasteur à Charenton et le resta jusqu'à sa mort, en avril 1657. Le Faucheur publia en 1635, à Genève, un important Traité de la Cène du Seigneur (in-folio de 806 pages), composé dès 1625/6 pour répondre aux attaques (publiées, posthumes, en 1622-1624 ; cf DTC, t. 4, 1911, col. 1953-1960) du cardinal Jacques du Perron (1556-1618) contre du Plessis Mornay. C'est une étude très approfondie des Pères de l'Église faite pour réfuter en particulier la doctrine de la transsubstantiation et pour exposer la doctrine calviniste de la Cène. On est frappé du réalisme de Le Faucheur, qui montre que le calvinisme primitif était loin du symbolisme qu'on lui a parfois attribué : « Nous tenons que ce que notre Seigneur donne à nos corps par la main de ses ministres… est la substance de son vrai corps qui a été cloué à la croix et de son vrai sang qui a été répandu… » (p. 1 et svv ; Calvin emploie à maintes reprises le mot « substance » dans son Traité sur la Cène). Le Faucheur est surtout connu comme prédicateur ; il a publié un remarquable Traité sur l'action de l'orateur (Paris, 1657) et des recueils de sermons ; d'autres recueils parurent après sa mort. Pierre de l'Estoile note déjà les succès oratoires de Le Faucheur à Châtillon (Journal des 12 octobre et 5 novembre 1609). Son sermon sur le jeûne à Montpellier, en 1618, publié à Genève en 1622 (Exhortation à repentance), qui appelle à la piété, à la charité et à la sainteté, a été analysé par A. Vinet...

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