— Né le 5 mars 1602 à Chaumont-en-Bassigny, Pierre Le Moyne achevait ses études quand les jésuites reprirent le collège de sa ville natale. Il fut admis à leur noviciat de Nancy le 4 octobre 1619. Après sa philosophie à Pont-à-Mousson et trois ans d'enseignement à Metz, il fit sa théologie à Reims pendant quatre années, au terme desquelles il fut ordonné prêtre en 1631. Deux ans professeur de philosophie à Dijon, il y resta une troisième année comme prédicateur, puis fit sa troisième probation à Nancy en 1635-1636. Il fut ensuite appliqué à la prédication pendant quinze ans, à Langres d'abord, à Paris ensuite, au collège de Clermont (1638-1650), où il fit profession le 25 mars 1639. Écrivain à la plume facile, dès le temps de sa théologie, il a en 1641 le titre de scriptor ; il le resta en quittant sa province d'origine, la Champagne, en 1650, et en passant à la maison professe de Paris ; il mourut le 22 août 1671. Bon religieux et parfait homme du monde, cet humaniste a beaucoup écrit. De son abondance littéraire, nous n'avons à retenir ici que quatre de ses ouvrages. Œuvre de jeunesse, Les Peintures morales, parues à Paris en deux parties (1640 et 1643), ont pour but de dépeindre les passions, leur bonté et leur malice, de réfuter le stoïcisme et de faire l'éloge de la modération. Du poète à l'imagination échevelée et à l'inspiration débridée, l'oeuvre torrentueuse charrie perles et cailloux. S'il a toujours le souci d'édifier et de sanctifier, c'est dans le style des « Précieuses » de l'Hôtel de Rambouillet. Tels quels, ces volumes connurent le succès et la contrefaçon. En trente ans, on en a compté plus de dix éditions. La Gallerie des femmes fortes (Paris, 1647) présente quatre groupes de cinq héroïnes : juives, barbares, romaines et chrétiennes, données en exemple, par un portrait gravé, un sonnet, un éloge et des réflexions morales. Avec les qualités et les défauts de sa prose « fardée et musquée », cette collection de portraits, assortis de commentaires hétéroclites, fut lue par la haute société française. Il y eut plus de douze éditions. Elle fut traduite en anglais (Londres, 1652) en espagnol (Madrid, 1694) et en italien (Modène, 1701). A cause de son titre, La dévotion aisée, publiée à Paris...

[...]