— Pauline-Élisabeth Arrighi, née à Paris, le 16 octobre 1866, d'un père corse, avocat au barreau parisien, était l'aînée de cinq enfants, auxquels leur mère donna une solide formation chrétienne. Elle épousa Félix Leseur, le 31 juillet 1889 ; le foyer n'eut pas d'enfants. Sous l'influence de son mari, qui avait perdu la foi au cours de ses études et qui collaborait à la presse anticléricale, Élisabeth délaissa toute pratique religieuse. En 1898, la Vie de Jésus de Renan que lui donne son mari la fait réagir, reprendre la lecture de l'Évangile et une formation religieuse : elle commence une vie nouvelle. En mars 1903, Joseph Hébert, dominicain, devient son conseiller spirituel. Le 22 avril, elle fait, à Saint-Pierre de 707 Rome, don d'elle-même à Dieu pour la tâche « de charité et de lumière » qui est la sienne dans le milieu mondain où la situation de son mari (directeur de compagnie d'assurances, ami des hommes politiques d'alors) l'oblige à vivre, et dans le support de ses souffrances (maladies et accidents, deuils familiaux, indifférence ou hostilité religieuse). Comme elle avait tenu son Journal d'enfant, elle tint désormais son Journal spirituel et composa de petits traités religieux. La lecture de ce Journal, après la mort d'Élisabeth le 3 mai 1914, bouleversa et convertit son mari ; il entrera chez les dominicains en septembre 1919 sous le nom de Marie-Albert († 1950) et publiera les écrits de sa femme. La doctrine qui se dégage de ces écrits est classique et porte la marque de l'époque : apparemment peu « biblique » et légèrement moralisante. Le secret de leur influence est dans la personnalité qui s'y révèle : une femme mariée, très cultivée, soucieuse du bonheur de son foyer, vivant sa foi dans un milieu de riche bourgeoisie, et s'exprimant dans une langue très pure, sobre et juste. Sans grâces mystiques extraordinaires, ni même habituellement sans joie sensible, mais soutenue par une foi sans cesse approfondie par la lecture de l'Évangile et des grands auteurs spirituels, et par la méditation quotidienne (qu'elle conseille avec insistance), la vie spirituelle d'Élisabeth est marquée par un courage paisible et joyeux dans l'acceptation du devoir d'état, un sens profond de la...

[...]