— Des Lettres spirituelles recueillies par un ecclésiastique ont paru à Paris, chez Fl. Lambert, sous le nom de « Jean de Lessot, prêtre du diocèse de Poitiers », d'après l'Approbation des docteurs et le Privilège royal de décembre 1659. Des recherches actuelles tendent à conclure que ce recueil donne des extraits de la correspondance spirituelle de J. Desmarets de Saint-Sorlin ; en effet, Pierre Nicole cite longuement de nombreux extraits de ces Lettres dans ses Visionnaires (1666) et les attribue sans hésitation à Desmarets, son antagoniste. En attendant des conclusions définitives qui démontreraient que Lessot a simplement publié des lettres de Desmarets et en souhaitant aussi connaître davantage ce Lessot, présentons ici l'ouvrage, car il constitue un témoin de qualité dans la littérature spirituelle du 17e siècle. Les Lettres comprennent cinq parties, publiées séparément ou groupées deux à deux. Aucune lettre n'est datée, et il n'est pas possible d'identifier les destinataires, qui sont pour la plupart des religieuses (faudrait-il songer aux bénédictines du Calvaire, fondées par Joseph de Paris et solidement implantées à Poitiers ?) ; ces lettres sont rédigées pour pouvoir être lues en communauté, ce qui leur donne l'allure de petits traités. Si ce genre littéraire laisse à l'auteur toute liberté d'entremêler les thèmes abordés, il se dégage néanmoins de cet ensemble l'esquisse d'une doctrine spirituelle et mystique, qui mériterait d'attirer les historiens. Lessot s'adresse à des personnes spirituelles expérimentées, qui ont « quitté les méditations et les pratiques d'actes multipliés » (2e p., p. 66), et il les oriente vers « l'oraison de recueillement qui met en Dieu sans milieu quelconque » (p. 284). En chemin, il faut se détacher des pratiques de dévotion (il recommande néanmoins celle à l'enfance de Jésus selon Marguerite du Saint-Sacrement, p. 230), des livres (sauf de l'Imitation, 2e p., p. 258 ; 4e p., p. 332), des goûts sensibles et surtout de soi-même (« Ne vous étudiez plus tant vous-même », 2e p., p. 177). Il prêche la « résignation » mystique, le « ne...

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