— En dehors de la tradition ascético-monastique, l'histoire de la signification du mot logismos ne présente pas de problème particulier. Analogue au verbe logizesthai, il a le sens de pensée, calcul, considération. En grec classique, il prend occasionnellement le sens d'arithmétique (Platon, Protagoras 318e) ; chez Aristote, il exprime « l'activité propre de l'homme en tant qu'homme » (Métaphysique A, 1, 980b 28). Chez les stoïciens apparaît une composante éthique : le logismos est la fonction la plus haute de l'âme et domine tous ses autres désirs, en particulier les instincts (cf Kittel, t. 4, p. 288-289). Selon le quatrième livre des Maccabées (1, 30), le logismos est « le souverain des passions » et se rapporte à « la manière philosophique de vivre », formules qui orientent déjà vers la signification spécifiquement 956 ascétique du terme ; il en est de même dans la Septante, où le groupe logismos-logizesthai inclut un élément émotif et volontaire, au sens d'intention, de projet (cf Ps. 33, 10 ; Éz. 38, 10) ; en Sag. 1, 3 particulièrement, le terme, au pluriel, prend un sens péjoratif (cf Kittel, p. 289).

1. USAGE ASCÉTICO-MONASTIQUE.

— Évagre le Pontique est le plus important témoin des nuances que prend logismos en son usage ascético-monastique (cf Traité pratique ou Le moine, introd. et éd. A. et C, Guillaumont, SC 170-171, Paris, 1971 ; Pseudo-Nil, Des huit esprits de malice, PG 79, 1145-1164, et Des diverses mauvaises pensées, PG 79, 1200-1233 et PG 40, 1240-1244 ; cf J. Muyldermans, A travers la tradition manuscrite d'Évagre.., Louvain, 1932, p. 47-55). Selon Évagre, le cheminement spirituel du moine, plus précisément de l'anachorète, comporte deux étapes : la praktikè et la gnostikè. Tandis que celle-ci concerne la contemplation de la réalité créée (dans la phusikè) et finalement de la réalité divine (dans la theologikè), la praktikè est une étape préparatoire qui mène le moine à l'

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