— 1. Crise de la loi. — 2. Aperçu historique. — 3. Des lois dans l'Église. — Conclusion : loi et eschatologie. Le titre de cet article ne doit pas faire illusion. Il ne traite pas spécifiquement le problème qui a suscité tant de discussions dans la théologie protestante au 16e siècle et, sous une forme rajeunie, au 20e ; il en sera certes question, mais dans le cadre plus général d'une théologie, ou spiritualité, de la loi. Il ne s'agit pas non plus du problème plus vaste de la loi sous l'angle de la philosophie du droit : nous renvoyons sur ce point à l'exposé succinct que nous avons donné, art. Loi, dans Catholicisme, t. 7, 1974, col. 995-1015. Après avoir évoqué la nature et les causes de la crise dont l'idée de loi fait actuellement l'objet, cet essai de théologie de la loi comporte d'abord un aperçu historique, seule manière de mettre un certain ordre en ce problème complexe, en raison des sens divers, voire opposés, donnés au binôme loi-évangile. On examine ensuite la question de la légitimité des lois dans l'Église.

1. LA CRISE DE LA LOI.

— S'il est une notion qui suscite peu d'intérêt chez nos contemporains, chrétiens ou non, c'est bien celle de loi, au point que le rapprochement loi-évangile évoque spontanément une sorte d'opposition. Le thème de cet article, et c'est là son intérêt, paraît même être le symbole significatif d'autres oppositions qui font problème pour les chrétiens d'aujourd'hui : autonomie et hétéronomie, primat de la conscience individuelle et pression des normes objectives, charismes et institutions, créativité des « communautés de base » et ordonnances de la hiérarchie, bref tous les rapports entre l'autorité (la loi) et la liberté (l'évangile). Aussi est-il utile, dès l'abord, de cerner les causes de cette moderne allergie à l'idée de loi ; l'aperçu historique qui suit n'en sera que mieux motivé. Cette crise de la loi au sein du christianisme moderne étant en grande partie le reflet d'une mentalité ambiante, il convient d'en rappeler...

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