— Guigues II fut élu neuvième prieur de la Grande Chartreuse en 1174 ; il donna sa démission en 1180 et mourut le 6 avril 1193. Il est l'auteur d'un petit traité spirituel : Scala claustralium ou Scala paradisi, peu répandu au moyen âge, mais sans cesse réédité depuis l'invention de l'imprimerie et devenu à bon droit, tant pour le fond que pour la forme, un classique de la spiritualité monastique. On doit aussi à Guigues II onze Meditationes, peu connues et de moindre intérêt. On lui a attribué parfois, mais à tort, un commentaire du Magnificat qui se trouve fréquemment dans les manuscrits à la suite de ces Meditationes, mais qui doit appartenir à saint Bernard. Le Liber de quadripertito exercitio cellae, que Migne fait figurer parmi les oeuvres de Guigues II (PL 153, 787-884), est en réalité d'Adam l'écossais (DS, t. 1, col. 196-198). La Scala paradisi a été pendant longtemps attribuée à saint Bernard, avec lequel Guigues II a quelques affinités de pensée et de style, et quelquefois, avec moins de vraisemblance, à saint Augustin. L'attribution à saint Bernard fut déjà mise en doute par Horstius en 1641, puis par Mabillon ; l'attribution à Guigues II fut proposée pour la première fois par les mauristes dans leur Histoire littéraire. Wilmart a repris toute l'étude de la question et prouvé l'attribution certaine à Guigues II (op. cit., p. 232-233). La Scala paradisi se présente sous la forme d'une lettre ; elle a été écrite peu avant 1150 par Guigues II, encore jeune religieux à la Grande Chartreuse, et adressée à un chartreux plus âgé, Gervais, qui se trouvait alors à la chartreuse du Mont-Dieu dans les Ardennes. Cet opuscule présente quatre degrés dans les exercices spirituels : lecture, méditation, prière, contemplation. « C'est l'échelle des cloistriers qui les fait monter de la terre au ciel ». Guigues définit chacun de ces exercices, puis étudie l'office propre à chacun d'eux. Il parle ensuite des signes qui témoignent de la venue de l'Esprit Saint dans l'âme, puis de l'épreuve de la sécheresse. Il montre comment les quatre exercices de l'âme se prêtent...

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