— On ne sait de la vie de Guillaume que peu de choses ; il fut le troisième abbé d'Auberive, au diocèse de Langres, de 1165 à 1180. Il composa un traité des nombres, De sacramentis numerorum, inédit dans son ensemble, qu'il faut replacer dans le vaste mouvement doctrinal de la spéculation des nombres au moyen âge. Les nombres, explique Guillaume au moine Thomas, sont porteurs de mystères, « sacramenta », qu'il faut s'efforcer de dégager. Ce travail n'est pas un obstacle au salut, mais au contraire un moyen de le 1182 procurer. L'auteur s'y efforce pour les nombres 3 à 12 : ce dernier est particulièrement favorisé, puisqu'il n'occupe pas moins de 24 chapitres. Cette spéculation requiert à la fois des connaissances d'arithmétique et d'harmonie, de doctrine chrétienne biblique, comme aussi la connaissance d'auteurs anciens, classiques ou Pères. Guillaume est enthousiaste devant les nombres : nature, science et grâce s'unissent pour lui faire découvrir de nouvelles richesses dans les mystères du Christ et de la Trinité. Par là, et à condition que l'homme opère une conversion véritable, il accède à une connaissance humble et aimante de la vie de grâce. La spéculation sur les nombres lui ouvre les premiers degrés de cette connaissance bienheureuse qui s'achève dans la gloire. Guillaume est également l'auteur de quelques lettres : l'une d'elles, adressée à un moine Étienne, découvre les mystères du nombre 40. Cinq autres sont adressées à Noël, abbé cistercien de Theuley (diocèse de Langres, aujourd'hui de Besançon), sur des questions plus doctrinales, en particulier sur la résurrection des morts. Une lettre au cardinal cistercien Henri d'Albano soumet les précédentes à son jugement doctrinal. Une autre encore, à un certain maitre A. de Besançon, lui présente le traité sur les nombres. C. De Visch, Bibliotheca scriptorum sacri ordinis cisterciensis, 2e éd., Cologne, 1656, p. 325-326. — F. Ughelli, Italia sacra, t. 1, Venise, 1717, p. 255-256 (édite le texte de la lettre à Henri d'Albano). — Histoire littéraire de la France, t. 14, Paris, 1869, p. 200-205. J. Leclercq, L'arithmétique de Guillaume d'Auberive, dans Analecta...

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