Auteur : Pierre ADNÈS.
 
Tome 9 - Colonne 1260
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Titre de l'article : LUXURE SPIRITUELLE.
Début de l'article :
— Le Dictionnaire a déjà traité de l'AVARICE SPIRITUELLE (t. 1, col. 1160-1161) et de la GOURMANDISE SPIRITUELLE (t. 6, col. 622-626). Ces expressions utilisent la terminologie classique des péchés capitaux pour désigner certains défauts et imperfections qui se rencontrent dans l'exercice de la vie spirituelle, et qui ne sont pas sans faire penser, par l'attitude qu'ils impliquent, aux vices du même nom, quoique l'objet en soit tout différent. L'expression luxure spirituelle relève de ce mode de parler. Elle est employée principalement par le bienheureux Jean Ruusbroec, chez qui on la trouve à notre connaissance pour la première fois, et par saint Jean de la Croix. 1. Dans L'ornement des noces spirituelles (livre 2, ch. 75), Jean Ruusbroec † 1381 oppose la charité par laquelle l'homme s'offre et s'abandonne à Dieu dans un mouvement de retour amoureux qui ne se repose qu'en Dieu, bien suprême et incompréhensible, et l'amour naturel par lequel l'homme se porte vers lui-même et poursuit son propre avantage et profit dans un esprit d'intérêt personnel et de volonté égoïste. A cet égard, ce n'est pas Dieu qu'on désire, mais ce que la vie intérieure peut procurer en fait de consolation, douceur et jouissance. Or, quand l'amour naturel l'emporte sur la charité, il donne naissance à quatre 1261 péchés : l'orgueil, l'avarice, la gourmandise et la luxure de l'esprit. La luxure spirituelle (gheestelijcke oncuysheit) est « une délectation intérieure et une satisfaction spirituelle purement naturelles », vers lesquelles certains sont tout entiers attirés par « une propension désordonnée d'amour naturel, qui fait qu'on se replie sur soi-même et que l'on poursuit son bien-être en toutes choses ». On se détourne par là de Dieu et, au lieu de s'unir à lui, on ne voit que soi et demeure seul. C'est, semble-t-il, un état qui engage plus profondément la personnalité que la gourmandise spirituelle par laquelle on recherche simplement « la satisfaction du goût » dans les choses spirituelles et s'arrête à « goûter » les dons de Dieu (Werken, t. 1, Tielt, 1944, p. 230-232 ; Œuvres, trad. par les bénédictins, t. 3, Bruxelles-Paris, 1920, p. 197-199). Henri...

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