— Jacob est l'un des trois patriarches « du flanc desquels tout le peuple de Dieu et le Verbe de Dieu lui-même sont sortis » (Léon Bloy, Le salut par les juifs, Paris, 1946, p. 36). Sa stature spirituelle n'atteint pas celle d'Abraham, mais elle dépasse celle d'Isaac (DS, t. 7, col. 1987-2005). Nous rassemblerons ici les traits qui composent sa personnalité dans la Bible, dans la tradition juive et chrétienne, sans étudier pour eux-mêmes les événements dont il a été le héros ni les bénédictions que l'Écriture lui attribue. 1. Ancien Testament. — 2. Le Livre des Jubilés. — 3. Le nouveau Testament. — 4. Le judaïsme. — 5. Les Pères de l'Église. — 6. Au moyen âge. — 7. Époque moderne. — 8. Jacob et la vie spirituelle.

1. Ancien Testament.

1° LES TRADITIONS DE LA GENÈSE.

— On a évoqué déjà « les thèmes spirituels » de la Genèse (DS, t. 6, col. 195-204). Insistons sur la figure de Jacob, ce berger rusé qui devient héritier de la promesse et combat avec Dieu. La Genèse a gardé le souvenir d'un personnage rusé avec les hommes et avec Dieu. Elle s'étend à plaisir sur les démêlés de Jacob et de son frère Ésaü (Gen. 25, 19-34 ; 27 ; 32, 4-22 ; 33) : Jacob a raison du chasseur stupide (27, 36), il acquiert à bas prix son droit d'aînesse, il dérobe la bénédiction de son vieux père aveugle, il s'enrichit au détriment de son oncle Laban (29-32), il s'assure de la protection divine avant de quitter la terre promise (28, 20-22), il arrache une bénédiction au Dieu qui lutte avec lui (32, 25-30) ! Le peuple d'Israël conserva avec joie ces vieux souvenirs de son ancêtre astucieux, — l'astuce n'est-elle pas une composante de l'antique sagesse ? — d'autant plus volontiers que les descendants d'Ésaü comptaient parmi ses ennemis permanents.

1) L'héritier de la promesse.

— La théologie de la promesse de Dieu à Abraham intègre les aventures de Jacob et lui donne un sens profondément religieux. Derrière...

[...]